La construction de logements a rechuté lourdement aux États-Unis en avril, selon des chiffres publiés mardi à Washington par le département du Commerce.

Les mises en chantier de logement ont reculé de 10,6% par rapport au mois précédent, en données corrigées des variations saisonnières, pour représenter 523 000 départs de chantiers en rythme annualisé, indique le ministère, alors que les analystes en attendaient 563 000, selon leur prévision médiane.

Signe de la tendance à venir, l'indicateur du nombre de permis de construire a lui aussi reculé, de 4,0% par rapport à mars, pour s'établir à 551 000 en rythme annuel. La prévision médiane des analystes donnait l'indicateur à 590 000 autorisations sur un an.

Pour le mois de mars, où les deux indicateurs avaient rebondi après être retombés en février près de leur plus bas niveau en plus d'un demi-siècle, le département du Commerce a revu en nette hausse son estimation des mises en chantier, et en nette baisse de celle des délivrances de permis.

La chute des deux indicateurs d'avril a été tirée par la composante mesurant le logement collectif (-8,8% pour les permis, et -24,1% pour les mises en chantiers), sujette à de fortes variations d'un mois sur l'autre.

La situation s'est néanmoins dégradée une nouvelle fois dans le secteur des maisons individuelles - au coeur de toutes les attentions vu son importance dans le pays - pour lequel les mises en chantier ont rechuté de 5,1%, et les permis de 1,8%.

Signe supplémentaire de la crise profonde que n'en finit pas de traverser la construction de logements, il n'y a jamais eu aussi peu de chantiers en cours dans le pays depuis 1970 au moins (422 000 en rythme annualisé, selon les chiffres du ministère).

Le secteur de la construction ne se remet toujours pas de ses excès pendant de la bulle à l'origine de la crise financière ayant éclaté en 2007, et on ne voit toujours pas le début de son redressement pourtant maintes fois annoncé.

La situation est particulièrement difficile pour les constructeurs, qui ont un stock encore important de maisons neuves à écouler et doivent faire face à la concurrence provenant de centaines de milliers de logements saisis et vendus à des prix bradés.

Dennis Lockhart, un des dirigeants de la banque centrale américaine (Fed) a déclaré le 11 mai que l'immobilier restait le talon d'Achille de la reprise économique aux États-Unis.

Notant que les ventes de logements n'ont encore montré «aucune tendance claire à l'amélioration» depuis le début de la reprise économique il y a bientôt deux ans, il juge que «l'hypothèse la plus raisonnable est que l'amélioration du secteur de l'immobilier sera à la traîne de celle de l'économie».