Avec l'accroissement de la popularité des téléphones cellulaires et de l'internet, il devient plus ardu pour les ménages de boucler leur budget, notamment en période de récession. Pour y arriver, ceux-ci réduisent la plupart du temps les dépenses en matière de nourriture.

«L'alimentation, c'est toujours la dépense qui diminue en premier, même si c'est une dépense considérée comme essentielle», fait remarquer Lisanne Blanchette, avocate et conseillère budgétaire chez Option consommateur. Les gens ont dorénavant le réflexe de consacrer à l'alimentation l'argent qui reste après avoir payé le logement, le transport, l'énergie, le téléphone portable et l'internet. «Malheureusement, les gens vont payer leur service internet avant de se nourrir. On voit parfois des gens dont les services internet-câble-cellulaire leur coûtent 100$ par mois», dit-elle.

L'Institut de la statistique du Québec vient de publier une étude comparative sur les dépenses des ménages sur un et dix ans. Ce coup d'oeil sociodémographique donne un aperçu des comportements adoptés par les consommateurs québécois pendant la dernière récession.

De 2008 à 2009, on observe que les Québécois ont diminué leurs dépenses en alimentation (-2,4%) et en loisirs (-4,2%), mais qu'ils les ont augmentées pour le logement (1,3%), le transport (4,8%) et également les services de téléphonie sans fil (12,7%), le câble (6%) et l'internet (4,6%), entre autres.

À eux trois, logement, transport et alimentation accaparent 45% du revenu brut des ménages québécois.

L'enquête sur les dépenses des ménages montre que les frais annuels de téléphonie cellulaire ont progressé de près de 70$ pendant l'année de récession, sans doute en raison de la popularité des téléphones intelligents auxquels sont associés des forfaits plus coûteux. Les ménages déclarant pareille dépense paient en moyenne 640$ par année pour les services sans fil comparativement à 570$ en 2008. Les dépenses des services internet augmentent de 20$, à 450$ par année. L'abonnement au câble est passé de 500$ à 530$ dans la dernière année.

Plus de textos, moins de journaux

L'évolution des dépenses depuis 10 ans indique que la popularité des technologies de communication est «fulgurante et soutenue», écrit l'Institut de la statistique du Québec. En 1999, seulement 17,3% des ménages déclaraient une dépense au chapitre de la téléphonie sans fil. Aujourd'hui, la proportion atteint près de 60%. La dépense annuelle a augmenté de 37,3% en 10 ans, passant de 460$ à 640$.

En 2009, sept ménages sur dix déclarent une dépense pour des services internet. En 1999, seulement un ménage sur cinq était branché.

L'intérêt pour la télévision payante sous toutes ses formes se traduit par une grande pénétration de la télédistribution, du câble et de la télévision par satellite. En une décennie, la proportion des ménages déboursant des frais pour ces services est passée de 67% à 80%.

Si les dépenses en télécommunications sont manifestement en hausse, d'autres postes de dépenses piquent du nez. La location de DVD et de jeux vidéo est en déclin. La proportion des ménages ayant déclaré cette dépense a reculé de 60,8%, en 1999, à 44,2%, 10 ans plus tard.

Les journaux vivent le même phénomène que la location de films et jeux. En 2009, ce ne sont plus que 38% des ménages qui déclaraient avoir payé pour des journaux en version papier ou électroniques. Ils étaient 58,7% en 1999. La dépense annuelle moyenne par ménage glisse de 220$ à 180$ (en dollars constants de 2009).

Les dépenses pour le tabac et les services de nettoyage à sec sont aussi en baisse depuis une décennie. En 1999, un ménage sur deux allait chez le nettoyeur. La proportion a chuté de plus de 20 points de pourcentage 10 ans plus tard, à 30,7%.

Le nombre de ménages fumeurs est passé de 44,2%, en 1999, à 32,7%, en 2009. La dépense moyenne a diminué de 1000$, passant de 2920$ à 1690$ pendant la période, assez pour payer le cellulaire, l'internet et le câble.