Des deux côtés de la frontière, les échanges commerciaux avec le reste du monde se sont intensifiés en mars avec toutefois des résultats bien différents au final.

L'excédent canadien du commerce de marchandises est passé de 356 à 627 millions de dollars de février à mars, a indiqué hier Statistique Canada, grâce à une poussée plus grande des exportations que des importations.

Chez nos voisins, la flambée des cours du brut, qui avait franchi la barre des 100$US le baril au cours du mois, a annihilé l'apport d'exportations record. Résultat: le déficit des échanges de biens et de service est passé de 45,4 à 48,2 milliards, le plus élevé depuis juin, selon le département du Commerce.

Comme le Canada est exportateur net d'or noir, la cherté de son cours (prix moyen de 93$US en mars) a favorisé le solde commercial avec une hausse de 5% de la valeur de ses livraisons, à hauteur de 9,4 milliards.

L'augmentation des expéditions transfrontalières ne s'est pas limitée aux produits énergétiques. En fait, seuls les produits de l'agriculture et de la pêche enregistrent un recul.

On doit signaler en particulier un gain de 4,8% des livraisons de machines et équipement que l'agence fédérale attribue en partie aux exportations d'aéronefs.

Les livraisons de biens industriels ont aussi augmenté, en particulier celles d'or à destination du Royaume-Uni. Elles sont les grandes responsables de la diminution du déficit commercial avec l'Union européenne, qui passe de 675 à 332 millions.

Curieusement, le Canada a aussi augmenté ses achats à l'étranger de métaux précieux, surtout en provenance de l'Argentine, du Chili et du Pérou.

Le surplus avec le Japon a légèrement fléchi dans la foulée du tsunami qui a freiné la troisième économie du monde. Il est à prévoir que les échanges commerciaux auront diminué encore en avril et mai.

Avec les États-Unis, le bilan est différent. Un rebond des importations de produits de l'automobile a stimulé la hausse de 3,2% des importations, alors que nos exportations chez notre principal partenaire commercial ont avancé de 1,9%. Notre excédent commercial a donc fondu de près de 200 millions, à hauteur de 4,8 milliards.

Il y a quelques années, le Canada était un exportateur net de produits de l'automobile. En mars, il accusait un déficit de 1,52 milliard à ce poste. Heureusement, le bilan énergétique reste très positif avec un excédent de quelque 5,4 milliards.

La poussée des prix des matières premières, jumelée à la force relative de notre monnaie, explique en bonne partie la hausse de 3,5% des exportations et celle de 2,8% des importations qui résulte en un surplus.

Si on mesure les expéditions en volumes pour effacer l'effet des prix, le bilan change: les volumes d'exportations augmentent de 2,5%, alors que ceux des importations grimpent de 3,2%, ce qui efface le surplus.

«C'est donc dire que la croissance économique de l'hiver dernier reposera essentiellement sur la demande intérieure (en particulier les dépenses de consommation et l'investissement non résidentiel) ainsi que sur la variation des stocks», signale Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins.

Cela dit, l'expansion aura sans doute dépassé les 3% en rythme annuel de janvier à mars, l'entrave du commerce étant «compensé par des investissements accrus en machines et équipement, ce qui est de bon augure pour la croissance de la productivité», affirme Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale.

Les États-Unis n'auront sans doute pas cette chance. Le département du Commerce a initialement estimé à 1,8% la croissance au premier trimestre.

Le déficit de 48,2 milliards est cependant plus élevé que les attentes. La prévision médiane des 72 économistes de l'agence Bloomberg s'élevait à 47 milliards.