La rumeur a été lancée le 3 mai quand Steve Ballmer, le grand patron de Microsoft (MSFT), a fait une apparition-surprise à la conférence BlackBerry World en Floride. Son groupe allait-il déposer une offre d'achat sur l'ontarienne Research in Motion (T.RIM)?

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Le partenariat serait logique, après tout. Microsoft tente de faire une percée majeure dans le secteur des téléphones intelligents, où Apple [[|ticker sym='AAPL'|]] fait fureur avec son iPhone et où Google [[|ticker sym='GOOG'|]] gagne toujours plus de parts de marchés avec sa plateforme Android. Tout cela pendant que RIM perd des plumes en Bourse et déçoit les analystes avec certains produits - dont le Playbook -, devenant une cible d'acquisition plus vulnérable.

Microsoft a finalement jeté son dévolu sur une autre cible, hier, en proposant d'acheter Skype pour 8,5 milliards US. Qu'importe: RIM demeure sans doute dans la ligne de mire du géant américain, selon Harry Wang, directeur de la recherche en téléphonie mobile à la firme Parks Associates, de Dallas.

«Je pense que la possibilité est encore là: cette transaction n'enlève rien à la valeur que RIM pourrait avoir pour Microsoft selon moi», a indiqué M. Wang à La Presse Affaires.

Selon l'analyste, l'acquisition de Skype donnera une solide base de clientèle à Microsoft en téléphonie internet, mais elle ne l'aidera pas à faire contrepoids à ses concurrents Apple et Google dans le secteur des téléphones intelligents, en plein boom. D'où une possible tentative de rachat de RIM d'ici 12 à 18 mois, croit-il.

Trop tard?

Troy Crandall, analyste en télécoms à la firme MacDougall, MacDougall&MacTier à Montréal, doute pour sa part de voir une telle transaction réussir. «Cela aurait été plus plausible il y a 12 mois qu'aujourd'hui», fait-il valoir.

L'intervention d'Ottawa pour bloquer la vente de Potash Corp. à l'australienne BHP Billiton il y a six mois laisse penser que le gouvernement pourrait imposer un tel veto avec RIM, dit M. Crandall.

«Mon inquiétude, c'est que le gouvernement canadien bloque la transaction en disant que la société est trop valable, ou touche la sécurité nationale du pays, avance-t-il. Cela a abaissé mes attentes de voir RIM être rachetée.»

L'autre élément qui milite contre un rachat de RIM par le groupe américain est le partenariat conclu en février entre Microsoft et Nokia. Le géant finlandais de la téléphonie, qui perd des parts de marché de trimestre en trimestre, utilisera d'ici la fin de l'année le nouveau logiciel Windows 7 de Microsoft dans ses appareils.

Qu'à cela ne tienne, Microsoft pourrait toujours tenter de se rabattre sur RIM si jamais cette alliance ne portait pas les fruits escomptés, avance Harry Wang.

Et quel sera l'impact du rachat de Skype dans l'immédiat pour l'ontarienne RIM? L'analyste Troy Crandall en voit peu.

Il souligne que le logiciel de téléphonie Skype pourra toujours être utilisé sur les appareils de tous les fournisseurs - incluant les BlackBerry -, ce qui ne donnera pas d'avantage à Microsoft dans le secteur des appareils intelligents. « (Skype) est une source de revenus dans sa forme actuelle: les gens paient pour acheter des crédits Skype, peu importe la plateforme.»

Le titre de RIM a clôturé à 43,28$ hier, en baisse de 11 cents. Il a perdu 26% depuis le début de l'année.