Les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi aux États-Unis ont créé la surprise en révélant des embauches toniques, de nature à rassurer sur l'état de l'économie américaine malgré une remontée étrange du taux de chômage.

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Selon le rapport mensuel sur l'emploi du département du Travail, l'économie américaine a créé 244 000 emplois nets en avril, soit 10,4% de plus qu'en mars.

Les analystes pensaient dans l'ensemble que le rythme des embauches avait nettement ralenti. Ils se sont réjouis de ce chiffre, accordant finalement peu d'importance à la remontée inattendue du taux de chômage à 9,0% (après quatre mois de baisse) révélée par le ministère.

L'évolution du chômage est «anormale» étant donnée celle de l'emploi, fait remarquer Jeffrey Rosen, du cabinet d'économistes Briefing.

La distorsion apparente entre les deux chiffres s'explique par le fait que le taux de chômage et le nombre des embauches sont établis à l'issue de deux enquêtes distinctes, la première auprès d'un échantillon de ménages, la seconde auprès d'entreprises.

Elle pourrait annoncer un ajustement des chiffres de l'emploi ou du chômage, dans un sens ou dans l'autre le mois prochain.

Une semaine après les chiffres du PIB ayant révélé une nette décélération de la croissance économique, à 1,8% seulement, au premier trimestre, le rapport du ministère fait apparaître une croissance moyenne de l'emploi deux fois plus rapide sur les trois derniers mois écoulés (233 000 embauches mensuelles) que sur les trois mois précédents.

Le président américain Barack Obama a estimé que cela témoignait des «progrès» de l'économie du pays, en dépit de la hausse du pétrole et des répercussions du tsunami japonais sur le secteur automobile. La Maison Blanche a néanmoins jugé qu'il y avait encore «fort à faire».

Les États-Unis n'ont regagné en effet que 1,7 million de postes sur les quelque 8,7 millions d'emplois perdus pendant la crise, et 8,6 millions d'Américains sont à temps partiel alors qu'ils souhaitent travailler à plein temps.

L'opposition républicaine a qualifié également de «bonne nouvelle» l'évolution de l'emploi mais a estimé que la persistance d'un chômage élevé était due au poids écrasant, selon elle, de l'Etat fédéral dans l'économie, et a appelé à une nouvelle libéralisation.

Le dynamisme de l'emploi a été assuré par le secteur privé, qui a embauché comme jamais depuis février 2006. Sous pression budgétaire, le secteur public a supprimé au contraire des emplois pour le sixième mois d'affilée.

Le rapport du ministère «confirme un peu plus que la reprise repose sur des bases plus solides qu'auparavant et que l'économie entre dans une période de transition, qui s'accompagne de créations d'emplois plus solides, prélude à une phase d'expansion», notent les analystes du cabinet RDQ Economics.

Pour Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors, «la grande inquiétude» selon laquelle la hausse des prix du pétrole devrait inciter les entreprises à la prudence semble infondée. Au contraire, fait-il remarquer, elles «embauchent, à un rythme vraiment rapide».

Et les 62 000 embauches annoncées en avril par la chaîne de restauration rapide McDonald's n'ont pas encore été comptabilisées dans les chiffres officiels.

Ian Shepherdson, du cabinet HFE, table néanmoins sur un ralentissement des embauches «dans les deux ou trois mois à venir», avant une nouvelle accélération une fois que les entreprises auront «ajusté» leurs plans «à la hausse du coût de l'énergie».