L'élection d'un gouvernement conservateur majoritaire ouvre toute grande la porte à davantage de propriété étrangère dans le secteur très réglementé des télécommunications.

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Selon l'analyste Phillip Huang, de la firme UBS, les troupes de Stephen Harper auront désormais les coudées franches pour réaliser cet objectif qu'ils caressent depuis longtemps. «Nous croyons qu'ils peuvent maintenant prôner un relâchement des restrictions touchant la propriété étrangère sans le soutien des partis de l'opposition», a-t-il fait valoir dans un rapport publié hier.

Le gouvernement Harper a déjà autorisé davantage de présence étrangère au pays par le passé, avec le fournisseur de téléphonie sans fil Wind mobile (Globalive). Le ministre de l'Industrie a permis au groupe de lancer son service, même si la présence massive de son investisseur égyptien Orascom Telecom - qui a injecté 500 millions dans l'entreprise - contrevenait aux lois du pays.

La Cour fédérale a toutefois infligé une rebuffade à Ottawa il y a trois mois en invalidant cette autorisation. L'affaire devrait être entendue en Cour d'appel dans les prochains mois.

Or, les élections d'avant-hier pourraient changer ce scénario. D'autant plus, selon Phillip Huang, que les assouplissements prévus risquent justement de cibler les entreprises qui détiennent moins de 10% de parts de marché, comme Wind Mobile.

Ces changements pourraient «créer davantage de concurrence chez les fournisseurs établis et profiter aux nouveaux entrants dans le sans-fil, en leur donnant un meilleur accès au capital», fait valoir l'analyste. M. Huang croit même que des entreprises étrangères pourraient être autorisées à lancer un nouveau service au pays.

Inquiétudes

Cette possible ouverture à davantage de propriété étrangère coïncide avec la mise aux enchères prochaine de fréquences sans fil dans la bande des 700 Mhz. Les règles entourant leur mise en vente seront déterminées d'ici la fin de l'année, et Dave Coles, président du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier, s'inquiète au plus haut point de la tournure que pourraient prendre les événements.

«Nous espérons qu'il (Stephen Harper) va changer d'idée et réaliser que la propriété étrangère ne va pas aider le Canada», a-t-il lancé à La Presse Affaires hier.

M. Coles estime que le degré de concurrence est déjà suffisamment élevé dans le sans-fil au Canada. Il craint aussi qu'une ouverture à la propriété étrangère décourage les investissements en région rurale.

Son syndicat promet une vaste campagne de sensibilisation pendant tout l'été, de même qu'un soutien technique à la nouvelle opposition néo-démocrate sur cette question très technique.