De l'avis d'analystes et d'investisseurs boursiers, le lancement de la tablette électronique «PlayBook» n'est qu'un des défis de transition auxquels est confrontée l'entreprise canadienne Research In Motion (T.rim).

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Une transition déterminante, tout de même, après plusieurs trimestres de dépréciation boursière pour RIM en dépit de résultats financiers encore en bonne croissance.

Pourquoi? Parce qu'au-delà du succès d'affaires espéré par RIM, le PlayBook est son premier appareil qui fonctionne avec un nouveau système d'exploitation, QNX OS, qui provient de l'acquisition d'une PME techno par RIM il y a un an à peine.

De plus, ce système QNX OS qui est réputé pour sa fiabilité en informatique d'usage professionnel sera au coeur de la prochaine génération des populaires télé-communicateurs de poche BlackBerry de RIM, à compter de 2012.

«Le système d'exploitation introduit avec le PlayBook est l'élément le plus déterminant pour le succès de cet appareil, mais aussi de toute la stratégie future de RIM», notait l'analyste Tim Long, spécialiste des télécoms chez Marchés des capitaux BMO, après le gala de dévoilement du PlayBook organisé par RIM à New York, jeudi dernier.

Quant aux critères de succès d'affaires du PlayBook, les analystes placent la barre assez haut pour RIM malgré l'absence d'objectifs chiffrés de la part de ses dirigeants.

Les analystes s'attendent à des livraisons d'au moins 3 millions de PlayBook durant le présent exercice financier de RIM, qui se terminera en février 2012. Et l'année suivante, ce nombre devrait doubler à 6 millions d'unités.

À ce rythme, selon Kris Thompson, analyste en télécoms à la Financière Banque Nationale (FBN), le PlayBook devrait représenter des revenus d'environ 1,7 milliard US pour RIM lors de son exercice courant.

L'objectif pour l'année suivante s'élève à quelque 2,7 milliards US, ce qui compterait alors pour 10% environ d'un chiffre d'affaires prévu autour des 28 milliards US.

Quant à la rentabilité du PlayBook pour RIM, les analystes demeurent très réservés dans leurs pronostics.

La raison principale: on ignore le coût des efforts de commercialisation que devra consentir RIM au cours des prochains trimestres pour soutenir le décollage commercial du PlayBook.

D'autant plus que son accueil s'est avéré plutôt tiède jusqu'à maintenant parmi les spécialistes en technologies de télécoms individualisées.

Pour l'analyste Tim Long, de BMO, des ventes d'au moins 3 millions de PlayBook d'ici février 2012 pourraient contribuer pour environ «25 à 30 cents US» au prochain bénéfice par action annuel de RIM.

Au total, ça représenterait entre 130 et 155 millionsUS en profit annuel, soit à peine 4% du bénéfice total anticipé chez RIM lors de son exercice 2012.

Par conséquent, parmi les investisseurs boursiers, un doute considérable persiste quant à l'impact du nouveau PlayBook sur la valeur attribuable aux actions de RIM.

Hier encore, journée de lancement commercial du PlayBook, RIM a reculé de 3,7% à la Bourse de Toronto pour terminer à 50,85$ par action.

Il s'agit d'une cote de fermeture inférieure de 28% à son niveau d'il y a un an, et encore amputée des deux tiers par rapport au sommet de 149$CAN par action atteint en juin 2008.

En contrepartie, notent certains analystes, la déprime boursière qui affecte RIM la rend de plus en plus attrayante pour les investisseurs opportunistes.

D'autant que ses actions se négocient à un multiple cours-bénéfice très avantageux par rapport aux principales entreprises nord-américaines en technologies des télécoms et de l'informatique.

«Si RIM parvient à surpasser les attentes de bénéfice par action dès cet exercice courant 2012, ça signifierait qu'elle est en voie de réussir son importante période de transition. Ça devrait motiver une plus-value en Bourse», indique Kris Thompson, analyste à la FBN, dans une note transmise hier à ses clients-investisseurs.

Entre-temps, suggère l'analyste, les investisseurs en actions de RIM ont tout intérêt à surveiller les commentaires des dirigeants de l'entreprise à leur prochain grand rendez-vous d'affaires.

REASEARCH IN MOTION EN CHIFFRES (1)

Chiffre d'affaires (1) 19,9 milliardsUS (+33%)

Bénéfice d'exploitation (1) 4,6 milliardsUS (+36%)

Bénéfice net (1) 3,4 milliardsUS (+38%)

Bénéfice net par action dilué (1) 6,34US (+47%)

Actif total (1) 12,8 milliardsUS (+11%)

Dette totale (1) 3,9 milliardsUS (+51%)

Capitaux propres (1) 8,9 milliardsUS (+17%)

Capitalisation boursière 26,9 milliardsCAN (Toronto)

Rendement boursier 1 an/3 ans -28%/-58%

Cote boursière récente 51$CA (Toronto)

Prix-cible d'analystes 69$CAN

Recommendations d'analystes acheter 24/conserver 20/vendre 9

Prévisions de bénéfice 2012 3,6 milliardsUS (6,89$US/action)

(1) : Exercice terminé le 26 février 2011. Variation en un an.