Les géants du secteur des médias commencent à s'inquiéter sérieusement de l'arrivée au Canada du service de vidéo sur demande américain Netflix.

À preuve, une large coalition d'entreprises médiatiques et de producteurs de contenus vient de demander au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) de réévaluer sa décision de ne pas régir le secteur de l'internet, qui remonte à 2008, a révélé hier Astral Media [[|ticker sym='T.ACM.B'|]].

«L'objectif de l'industrie est de maintenir des règles du jeu équitables au sein du système», a expliqué hier le président du conseil d'administration d'Astral, André Bureau, au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

«Le système actuel joue un rôle très important en ce qui a trait à la culture, à l'identité et à l'économie canadiennes, a-t-il ajouté. Nous voulons nous assurer que (le CRTC) voit la situation de la même façon.»

Dans une lettre envoyée au CRTC au début du mois, un vaste regroupement de télédistributeurs, d'entreprises de télécommunications, de diffuseurs, de producteurs et d'artistes presse l'organisme réglementaire de tenir des consultations publiques concernant «l'émergence grandissante des entreprises de radiodiffusion non canadiennes dans la nouvelle sphère numérique». Un comité des Communes avait formulé la même demande le mois dernier.

Une quarantaine d'entreprises, d'associations et de syndicats font partie de la coalition. La plupart des poids lourds du secteur des télécommunications y sont représentés.

En plus de tenir des consultations publiques, la coalition voudrait que le CRTC recueille de l'information sur les activités des services étrangers comme Netflix au Canada.

À terme, la coalition souhaiterait que Netflix et compagnie soient tenus d'investir dans la production d'émissions et de films canadiens, comme cela est déjà exigé des entreprises de télécommunications traditionnelles.

Un porte-parole du CRTC, Denis Carmel, a confié hier que la demande de la coalition n'était pas «une requête formelle».

«On n'a pas encore décidé de ce qu'on ferait avec, mais c'est sûr qu'on en tient compte», a-t-il déclaré au cours d'un entretien téléphonique.

Depuis son arrivée au Canada, l'automne dernier, Netflix offre un abonnement mensuel au coût de 7,99$ qui permet l'accès illimité à des films et à des émissions de télévision par l'entremise de l'internet.

Résultats

Astral Media a par ailleurs annoncé hier les résultats de son deuxième trimestre.

Pour la période qui a pris fin le 28 février, l'entreprise montréalaise a enregistré des profits nets de 34,8 millions de dollars (61 cents par action), en hausse de 3,6% par rapport aux 33,6 millions (60 cents par action) dégagés pendant le même trimestre de l'an dernier.

Le bénéfice par action est légèrement inférieur aux attentes des analystes, mais, en Bourse, les investisseurs n'en ont pas fait grand cas.

Les revenus d'Astral ont totalité 232,7 millions, en hausse de 7%.

Le bénéfice d'exploitation du secteur de la télévision (canaux spécialisés) a bondi de 5%, mais celui des stations de radio a reculé de 5%.

La rentabilité du secteur radiophonique a pâti de la hausse des tarifs de la Commission du droit d'auteur ainsi que du piètre rendement des stations d'Astral dans les marchés de Calgary et de Québec.

Dans la métropole albertaine, Astral doit se frotter à la concurrence féroce découlant de l'entrée en ondes de nouvelles stations, alors qu'à Québec, l'entreprise a fait face à des problèmes sur le plan de la gestion et des ventes. Astral a apporté des changements à sa direction dans la Vieille Capitale et espère que la situation se redressera rapidement.

Par ailleurs, afin de contrer la hausse des droits d'auteur, Astral vient de mettre en place un programme de compressions budgétaires. L'entreprise espère ainsi mettre un terme au recul du bénéfice d'exploitation du secteur radiophonique de façon à terminer son exercice avec une légère croissance à ce chapitre. On n'exclut pas des suppressions de postes.

«Le programme examine toutes nos façons de procéder et d'opérer, y compris les structures, mais il est trop tôt pour parler de pertes d'emplois», a indiqué le chef de l'exploitation d'Astral, Jacques Parisien.

«Ce n'est certainement pas le but de l'exercice», a-t-il précisé.

L'action d'Astral Media a clôturé hier à 36,92$, en baisse de 0,8%, à la Bourse de Toronto.

Astral Media

Variation en% sur 1 an

Chiffre d'affaires : 232,7 millions (+7%)

Profits : 34,8 millions (+3%)

Bénéfice par action: 0,61$

Fermeture hier à Toronto : 36,92$