Maintenant que tous les grands réseaux de télévision généralistes canadiens appartiennent à de «riches distributeurs», il n'y a plus lieu de leur permettre de facturer pour leurs signaux, a soutenu vendredi le grand patron de Cogeco Câble, Louis Audet.

L'année dernière, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a autorisé les réseaux généralistes à négocier avec les télédistributeurs l'imposition de redevances pour leurs signaux, comme le font déjà les canaux spécialisés.

Or, les choses ont changé depuis, a estimé M. Audet. Bell Canada s'est porté acquéreur de CTV Globemedia, exploitant du plus important réseau généraliste au Canada, alors que le géant albertain Shaw Communications a mis la main sur Global TV.

Le CRTC «avait jugé qu'il serait opportun d'aider les réseaux, mais entre-temps, ils ont tous été achetés par de riches distributeurs, niant ainsi, de fait, la nécessité d'imposer ces frais», a déclaré le président et chef de la direction de Cogeco au cours d'une téléconférence avec les analystes financiers.

La Cour d'appel fédérale a confirmé la décision du CRTC en février. Seul ou avec d'autres, Cogeco contestera ce jugement devant la Cour suprême, a indiqué l'entreprise montréalaise vendredi.

Dans l'intervalle, la possibilité pour les réseaux généralistes de facturer des redevances aux câblodistributeurs et aux autres fournisseurs comme Bell Télé ou Shaw Direct est «non applicable», a martelé M. Audet. Il a reconnu qu'à ce jour, aucun réseau n'avait demandé à Cogeco d'amorcer des négociations à propos des redevances.

Cogeco craint en outre la convergence accrue découlant des transactions récentes et entend participer activement aux audiences publiques du CRTC sur l'intégration verticale dans le secteur des télécommunications, qui auront lieu en juin à Gatineau.

Résultats

À son deuxième trimestre, qui a pris fin le 28 février, Cogeco Câble a enregistré des profits nets de 31,2 millions de dollars (64 cents par action), en hausse de 4,6% par rapport aux 29,8 millions de dollars (61 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

Les résultats sont légèrement inférieurs aux attentes des analystes en raison de frais financiers plus élevés, conséquence du remboursement hâtif d'un titre de dette, a expliqué l'analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins.

Les revenus du câblodistributeur ont grimpé à 336,6 millions, en progression de cinq pour cent.

Les ajouts nets d'unités de service (clients) ont toutefois ralenti, atteignant 57 079 contre 68 782 il y a un an. La situation est imputable à la filiale portugaise de Cogeco, Cabovisao. En mauvaise posture depuis des années, Cabovisao fait maintenant les frais de la grave crise économique qui secoue le pays.

«Les clients (de Cabovisao) mettent fin à certains services vidéo optionnels, mais en même temps, les hausses de tarifs entrées en vigueur le 1er janvier tiennent la route, a commenté Louis Audet. Il est trop tôt pour prédire l'effet à long terme qui résultera de ces deux tendances contradictoires.»

Malgré tout, Cogeco Câble maintient ses perspectives financières pour l'exercice en cours, mais il convient de noter que les objectifs sont moins ambitieux que ceux de l'an dernier.

La société mère du câblodistributeur, Cogeco, a quant à elle déclaré un bénéfice net de 10,6 millions (63 cents par action) à son deuxième trimestre, en hausse de 1,3% par rapport aux 10,5 millions (63 cents par action) engrangés il y a un an.

En plus de contrôler Cogeco Câble, Cogeco possède plusieurs stations radiophoniques au Québec.

Les revenus trimestriels de l'entreprise ont bondi de 6,6% pour atteindre 350,6 millions, propulsés notamment par l'acquisition de la plupart des stations de radio québécoises de Corus Entertainment, complétée le 1er février.

L'action de Cogeco Câble a clôturé à 44,18 $ vendredi, en hausse de 0,7%, alors que celle de Cogeco a terminé la séance à 42,10 $, en baisse de 0,8%, à la Bourse de Toronto.