V.CSTAlcoa (AA) veut s'attaquer à ses émissions de gaz à effet de serre et c'est une petite boîte de Québec, CO2 Solution (XXX), qui en profitera. L'action de l'entreprise s'est envolée de 63%, hier, à la suite de l'annonce d'un partenariat avec le géant américain de l'aluminium.

> Suivez Philippe Mercure sur Twitter

Alcoa lance un projet-pilote de 16,8 millions US destiné à vérifier si la technologie de CO2 Solution, basée sur les enzymes, pourrait lui permettre de capter son CO2 et de le réutiliser plutôt que de l'émettre dans l'atmosphère. L'entente englobe aussi l'entreprise américaine Codexis, un producteur d'enzymes avec lequel CO2 Solution travaille depuis 2009.

«C'est l'une des ententes des plus importantes de notre histoire», s'est réjoui hier Glenn Kelly, président et chef de la direction de CO2 Solution.

La société de Québec pourrait récolter jusqu'à 3,4 millions grâce à l'entente. Le titre de CO2 Solution a gagné 11 cents pour clôturer à 29 cents hier à la Bourse croissance de Toronto.

Le projet, d'une durée de trois ans, est financé à hauteur de 13,5 millions US par le département américain de l'Énergie. La technologie de CO2 Solution sera d'abord testée dans le centre technique d'Alcoa, près de Pittsburgh.

«Si on juge que c'est prometteur, nous la testerons ensuite dans une véritable aluminerie, probablement dans le sud des États-Unis», a expliqué Mike Belwood, porte-parole d'Alcoa.

CO2 Solution a breveté un moyen d'utiliser l'anhydrase carbonique, une enzyme que les êtres humains utilisent pour transformer le CO2 lorsqu'ils respirent, dans un cadre industriel.

La technologie a déjà fait l'objet de quelques tests dans l'aluminerie d'Alcoa à Deschambault, au Québec.

«Nous avons choisi CO2 Solution pour son expertise et parce que nous avions une expérience préalable avec eux», a expliqué le porte-parole d'Alcoa, Mike Belwood, à La Presse Affaires.

Pour un producteur d'aluminium, la technologie de CO2 Solution présente un double avantage. En plus de capter le CO2, elle permet de réutiliser celui-ci pour transformer l'argile alcaline, un déchet que les alumineries doivent traiter, en engrais qui peut ensuite être revendu.

Selon CO2 Solution, la technique pourrait permettre à terme de capter jusqu'à 90% du CO2 émis par les alumineries.

En décembre dernier, CO2 Solution a annoncé une entente similaire pour lancer un projet pilote avec «un chef de file mondial en infrastructures énergétiques». L'objectif était alors de capter les émissions des centrales thermiques au charbon.

Même si l'entreprise de Québec n'a jamais dévoilé le nom de son partenaire, c'est un secret de Polichinelle dans le milieu qu'il s'agit du géant français Alstom.

CO2 Solution, qui compte 24 employés, est encore au stade de démontrer la validité de sa technologie et n'a pas atteint le point de rentabilité. Elle a enregistré des pertes d'un peu plus de 2 millions l'an dernier.