La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu jeudi, comme prévu, son taux directeur à 0,5%, et la suspension de son programme de rachats d'actifs dont le montant a été épuisé en janvier 2010, à l'issue de sa réunion mensuelle de politique monétaire.

Cette décision intervenait juste avant la conclusion de la réunion mensuelle de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), qui pourrait de son côté relever son taux directeur pour la première fois depuis près de trois ans afin de contrer l'inflation en zone euro.

Comme à son habitude, la banque centrale britannique n'a fait aucun commentaire immédiat sur sa décision, ce qui conduira les observateurs à scruter avec attention la publication des minutes de cette réunion, prévue le 20 avril.

Depuis deux ans, le taux d'intérêt directeur de la banque centrale britannique est figé au niveau historiquement bas de 0,5%, une mesure adoptée en mars 2009. L'institution avait lancé en même temps un programme de rachats d'actifs, dont le montant (200 milliards de livres, 228 milliards d'euros) a été épuisé en janvier 2010, afin d'aider une économie britannique alors en récession.

Le Comité de politique monétaire (CPM) de la BoE est pris depuis plusieurs mois entre des signes d'un ralentissement de la reprise économique et une envolée continue de l'inflation.

Mais les craintes qui pèsent sur l'économie britannique semblent de nouveau avoir pris le dessus, alimentées notamment par une contraction de 0,5% du Produit intérieur brut (PIB) au dernier trimestre 2010.

«Il n'y avait aucune chance de voir un changement de politique monétaire», commentait Hetal Mehta, économiste chez Daiwa Capital Markets, du fait notamment de l'annonce mercredi d'un plongeon surprise de la production industrielle britannique en février.

«Seule la preuve d'une reprise solide de l'économie au deuxième trimestre 2011 poussera un changement d'opinion des deux membres nécessaires à faire basculer le CPM vers une hausse des taux», expliquait Mme Mehta.

En effet, actuellement, seuls trois membres, sur les neuf que compte le Comité, prônent un resserrement monétaire pour contrer l'envolée de l'inflation.

En février, la hausse des prix au Royaume-Uni a atteint 4,4% sur un an, un record depuis plus de deux ans, et plus du double de la cible de 2% sous laquelle la BoE est censée la contenir.

Pour de nombreux observateurs, le camp des partisans d'une hausse ne devrait cependant pas avoir gagné de terrain en avril, notamment auprès du gouverneur de la banque centrale britannique Mervyn King.

Autre raison l'incitant à la prudence, la BoE a pu également choisir d'attendre la décision de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), quelques instants après sa propre annonce.

Le marché s'attend à ce que la BCE annonce une première hausse en près de trois ans de son taux d'intérêt directeur, maintenu à 1% depuis mai 2009, afin de lutter contre l'inflation en zone euro. Une telle annonce ne devrait pas manquer de relancer le débat au Royaume-Uni sur les choix de la Banque d'Angleterre.