Les cochons brésiliens ne le savent pas encore, mais l'eau qu'ils boiront pourrait bientôt avoir un goût québécois: la petite biotech Prevtec microbia veut y diluer un vaccin créé au Québec et qui s'apprête à faire sa toute première percée internationale.

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Prevtec microbia vient de signer une entente avec une multinationale française de la santé animale, Virbac, pour distribuer son vaccin pour cochons au pays de la samba. L'entente rapporte immédiatement «plusieurs centaines de milliers de dollars» à la boîte québécoise, qui recevra aussi une part des profits sur chaque vaccin vendu.

«On vient de se mettre sur la carte», s'est réjoui hier Michel Fortin, président et chef de la direction de Prevtec, heureux d'avoir signé avec un acteur majeur de l'industrie. Virbac, huitième groupe pharmaceutique vétérinaire mondial, emploie 3150 personnes et génère un chiffre d'affaires de près de 600 millions d'euros.

Prevtec microbia, de son côté, est une entreprise née des labos de la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal.

Une maladie dévastatrice

Le vaccin de Prevtec microbia s'attaque à la diarrhée postsevrage, maladie qui frappe les porcelets à un tout jeune âge et décime les troupeaux. Le produit n'était pour l'instant vendu qu'au Canada.

Avec une production de 40 millions de porcs par année qui pourrait grimper à 100 millions d'ici 5 ans, Prevtec microbia se réjouit de percer au Brésil, un marché en pleine croissance qui s'impose déjà comme le troisième en importance sur la planète.

L'entreprise croit aussi pouvoir faire approuver le produit aux États-Unis et au Mexique d'ici la fin de l'année.

Prevtec, sur laquelle a entre autres misé l'homme d'affaires Charles Sirois par l'entremise de son groupe Télésystème, planche aussi sur d'autres vaccins pour les animaux qu'elle espère commercialiser bientôt.

«D'ici cinq ans, on veut avoir commercialisé quatre produits dans douze pays sur trois continents», clame le grand patron, Michel Fortin.

Il reste à voir si le vaccin de Prevtec microbia pourra pénétrer le marché brésilien, où il entrera en concurrence avec les antibiotiques actuellement utilisés pour contrer la diarrhée postsevrage. Michel Fortin estime que les producteurs brésiliens ne pourront faire autrement que de mettre la pédale douce sur le «cocktail d'antibiotiques» qu'ils administrent actuellement à leurs animaux s'ils veulent vendre sur les marchés d'exportation. Sa solution, dit-il, deviendra alors intéressante.