La révision à la hausse de la croissance du PIB américain du quatrième trimestre annoncée vendredi montre que l'économie des États-Unis a abordé l'année 2011 avec un bon allant, mais reste à savoir si elle saura le conserver.

La hausse du produit intérieur brut du pays s'est nettement accélérée pendant les trois derniers mois de l'année, pour atteindre 3,1% - soit 0,3 point de plus que ce qui avait été annoncé fin février - après 2,6% au troisième trimestre, selon la dernière estimation du département du Commerce.

Le ministère a également revu en hausse, de 0,1 point, le chiffre de la croissance pour l'ensemble de l'année 2010, à 2,9%.

A 3,1%, la hausse du PIB est supérieure au potentiel de croissance de l'économie américaine, ce qui signifie qu'elle est suffisamment vigoureuse pour faire baisser le taux de chômage.

Celui-ci a en effet chuté de 0,9 point depuis la fin novembre, mais reste encore très élevé pour le pays, à 8,9% en février.

Toute la question est donc de savoir si la croissance restera supérieure à son potentiel, et si oui, dans quelle mesure. Sur ce point, les avis divergents nettement.

Pour le premier trimestre qui est en train de s'achever, au vu des indicateurs déjà publiés, certains économistes (Macroeconomic Advisers) estiment que la croissance ralentira à 2,3% quand d'autres (Deutsche Bank) prédisent une accélération à 3,8%.

Il semble acquis néanmoins que la consommation des ménages et le commerce extérieur, qui ont été les deux principaux moteurs du PIB au quatrième trimestre, ont moins contribué à la croissance depuis le début de l'année.

A l'inverse, la reconstitution des stocks des entreprises, dont le fort ralentissement a fait perdre 3,4 points de croissance au pays à l'automne, devrait s'être accélérée au premier trimestre, ce qui soutiendrait la hausse du PIB.

Les avis sont encore assez partagés sur l'évolution de l'investissement global (entreprises et ménages).

La banque centrale (Fed) juge que la croissance devrait avoir ralenti au premier trimestre, mais prévoit qu'elle se renforcera lentement, au cours de l'année, jusqu'à dépasser pour l'ensemble de 2011 les 2,9% de 2010.

Le 15 mars, elle a dit trouver que l'économie du pays reposait désormais «sur des bases plus solides» qu'à la fin du mois de janvier, mais elle a précisé qu'elle voulait continuer d'accompagner au maximum la reprise jusqu'à la fin du mois de juin.

Dans ses dernières prévisions, publiées en janvier, le Fonds monétaire international tablait sur une croissance de 3,0% pour l'économie américaine en 2011. Le gouvernement américain, lui, a élaboré son projet de budget présenté mi-février sur une hypothèse beaucoup plus prudente (+2,7%).

De l'avis général, les difficultés financières persistantes pour des millions de ménages et l'extrême faiblesse du marché du logement (à l'origine de la crise) sont les deux principaux freins à la reprise.

Mais l'économie américaine fait face actuellement à un double choc extérieur: la hausse des prix du pétrole provoquée par les soulèvements populaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et les retombées de la situation au Japon après le désastre du séisme et du tsunami.

Cela devrait provoquer un «fléchissement de la croissance» aux États-Unis, estime Nariman Beravresh, économiste de l'institut IHS Global Insight. Mais pour peu que «les prix du pétrole se stabilisent et reculent un peu et que la reconstruction et la reprise au Japon commencent» rapidement, il pourrait n'être que «passager».