Après deux années de déclin suite à la crise financière, les exportations de champagne repartent en flèche dans les pays émergents répondant à l'engouement d'une nouvelle clientèle aisée pour les produits de luxe.

«Pour la première fois dans l'histoire du champagne, le seuil symbolique du million de bouteilles a été franchi en Chine» en 2010, se réjouit Daniel Lorson, porte parole du Comité interprofessionnel des vins de champagne (CIVC).

Selon les chiffres du CIVC, les marchés des pays émergents comme la Russie, le Brésil ou la Chine, qui avaient largement déstocké au plus fort de la crise connaissent un rebond spectaculaire.

Les exportations vers la Russie ont explosé l'an dernier (+87,6%) à 1,07 million de bouteilles. Le marché brésilien (+63,2%) a dépassé largement les 600.000 bouteilles d'avant la crise pour approcher le million.

«C'est avant tout le signe du bon moral de l'élite de ces pays», constate M. Lorson en précisant que le «roi des vins» est débouché à mesure «que les contrats sont signés ou que la bourse bat des records».

«Les marchés émergents restent des niches importantes pour l'image glamour et luxueuse du champagne, mais ne constituent pas encore une clientèle de fond», nuance-t-il pourtant.

Dominique Pierre, qui dirige la maison Nicolas Feuillatte, la plus grande coopérative champenoise, souligne que «même s'il est essentiel d'investir dans les marchés brésiliens ou chinois pour ne pas se faire supplanter par les autres vins effervescents, le retour sur investissement sera long».

Il rappelle que l'essentiel des ventes concernent toujours la France et l'Europe: «80% des ventes se font dans un rayon de mille kilomètres autour du vignoble».

Selon lui, l'Inde, qui n'importe actuellement que 182.000 bouteilles, offre les perspectives de développement les plus intéressantes. «C'est un pays baigné de culture anglo-saxonne qui s'ouvre de plus en plus à la gastronomie occidentale et donc au champagne», dit-il. Seule difficulté: les taxes de près de 200% qui freinent le développement.

Traditionnellement plus ancré sur le marché français, le Syndicat des vignerons (SGV) reste prudent face aux bons chiffres des exportations «qui concernent principalement les grandes maisons».

Pascal Férat, président du SGV, met en garde contre la tentation de «chercher à concurrencer les autres vins effervescents qui connaissent une très grande croissance» au niveau mondial. «Nous faisons un produit d'exception qui doit rester au dessus du panier», estime-t-il.

Sur les 134,5 millions de bouteilles expédiées à l'étranger en 2010, 35,5 millions l'ont été vers le Royaume-Uni qui reste le premier débouché extérieur du champagne, en progression de 16,3% par rapport à 2009.

Les États-Unis occupent la deuxième place, en hausse de 34,9% avec 16,9 millions de cols, suivis de l'Allemagne (+21,6%) et de la Belgique (+7,8%).

Au total, le volume de ventes a atteint 319,5 millions de bouteilles pour un chiffre d'affaires de 4,109 milliards d'euros, plaçant 2010 au quatrième rang de l'histoire du Champagne, juste après 2006 et ses 321,8 millions de cols. L'année record est 2007 avec 338,7 millions en 2007.