L'équipementier télécoms et informatique américain Cisco a annoncé vendredi que, pour la première fois de son histoire, il allait commencer à rémunérer ses actionnaires avec un dividende trimestriel, 6 cents par action devant être versés dès le 20 avril.

«La position de leader de Cisco dans ses marchés est solide, et c'est le moment pour Cisco de verser son tout premier dividende», a déclaré le directeur financier Frank Calderoni, cité dans un communiqué.

«Ce dividende complète notre position dominante, et c'est une part importante de notre engagement de livrer de la valeur aux actionnaires», a-t-il ajouté.

Cisco, qui depuis l'été déçoit ou inquiète les investisseurs avec des résultats en deçà des attentes ou des prévisions moroses, avait prévenu depuis plusieurs mois qu'il prévoyait de verser un dividende, mais sans beaucoup de précision.

L'action, qui a perdu plus de 35% en un an, avait fermé au plus bas depuis douze mois jeudi soir, à 17 dollars. La confirmation du dividende, et son montant, ne suffisaient pas à susciter un enthousiasme marqué, même si l'action regagnait 1,94% à 17,32 dollars vers 14h30 GMT (10h30, heure de Montréal) à la Bourse de New York.

Ce versement, s'il est reconduit tous les trois mois, représente un coût annuel de 1,33 milliard de dollars pour le groupe.

Mais pour l'analyste Jon Ogg, sur le site spécialisé 247WallSt.com, il a de quoi décevoir, car il représente un rendement annuel limité à 1,4%. «Nous espérions un rendement de 1,5%, et encore, quand les actions valaient plus cher», écrit-il.

«Ce dividende est inférieur d'environ 2 cents à ce qu'il aurait pu être. Et il ne change pas la notion que les investisseurs ne sont pas en mesure d'avoir beaucoup de visibilité sur les perspectives à court terme», ajoute l'analyste.

Le mois dernier, Cisco avait inquiété en publiant un bénéfice net trimestriel en chute de 18% (à 1,52 milliard de dollars), pour un chiffre d'affaires en hausse modeste de 6%, le trimestre en cours s'annonçant encore poussif (hausse de 4% à 6% des recettes escomptées).

L'équipementier fondé en 1984 souffre notamment des budgets d'austérité dans les pays développés, qui pèsent sur les marchés des services publics et de l'attitude des consommateurs, qui privilégient le bas de gamme.

Dès l'été dernier le PDG John Chambers avait indiqué qu'il faisait face à «une incertitude inhabituelle» sur ses marchés, et en novembre il avait semé la panique en évoquant des «trous d'air».

Avec 3,8 milliards de dollars de liquidités au 30 octobre 2010, Cisco n'est certes pas dans le peloton de tête des groupes technologiques assis sur des tas d'or, mais il s'inscrivait jusqu'à présent pleinement dans la tradition des groupes technologiques qui affirment préférer réinvestir plutôt que de rémunérer leurs actionnaires.

Apple, Google, Amazon, eBay ou encore Yahoo! font partie des groupes qui négligent ainsi de récompenser les investisseurs, lesquels ont de fait toutes les raisons de rester satisfaits lorsque l'action est en hausse, mais commencent à renâcler lorsque leurs avoirs en Bourse perdent de la valeur. Certains groupes compensent en rachetant des actions.

L'éditeur de logiciels professionnels Oracle da écidé il y a juste deux ans de commencer à verser des dividendes, 32 ans après sa création.