Confronté à la forte croissance de ses concurrents Facebook et Twitter, Google mise sur le rachat de jeunes entreprises pour disposer d'un réservoir d'idées et préserver l'esprit d'initiative qui lui a permis de bâtir un empire sur l'internet.

«Nous tirons des enseignements de tous les engagements que nous pouvons avoir avec les startups ou les entrepreneurs», explique David Krane, un responsable de Google Ventures, une branche du géant américain spécialisée dans l'investissement dans les secteurs novateurs.

«Il est indispensable que nous restions au contact de ceux qui font le changement, de ceux qui ont des rêves», ajoute-t-il.

«Cela peut influencer la manière dont nous travaillons, au moment même où nous essayons de combattre les effets secondaires qui apparaissent quand une entreprise grandit», relève M. Krane.

C'est d'ailleurs pour cette raison que Larry Page, cofondateur de Google avec Sergey Brin, remplacera en avril l'actuel PDG Eric Schmidt, retrouvant le poste qui était le sien au tout début de Google.

Fondée en 1998, Google est aujourd'hui une entreprise florissante de 25 000 employés dont le chiffre d'affaires frôle les 30 milliards de dollars annuels.

Mais le groupe affronte la concurrence des rois de l'internet social, Facebook, qui réduit l'écart (675 millions de visiteurs uniques en janvier selon Comscore, contre 985 millions pour Google), et Twitter (113 millions).

Le géant américain fait donc son marché parmi les startups, notamment dans la Silicon Valley californienne, au sud de San Francisco, berceau des nouvelles technologies où Google a son quartier général.

«C'est une bonne stratégie pour injecter du sang frais et amener des perspectives différentes», estime Jonathan Sposato, créateur de deux entreprises rachetées par Google, dont Picnik.com, un site de retouche de photo. Depuis, Jonathan Sposato a rejoint les rangs des ingénieurs de Google.

Autre exemple: Docverse, racheté pour 25 millions de dollars et dont le fondateur Shan Sinha travaille désormais sur «Cloud Connect», une application Google permettant aux utilisateurs de la suite Office de Microsoft (Word, Excel...) de travailler en ligne.

«L'idée, c'est d'intégrer des gens capables de prendre des risques, de repenser la manière dont nous travaillons», explique M. Sinha.

«Google croit fermement qu'il doit avoir une culture de startup», avance Danny Sullivan, du site Search Engine Land, spécialisé dans l'analyse des moteurs de recherche.

Cette approche «est un principe fondateur (de Google) dont se souviennent Larry (Page) et Sergey (Brin)», dit-il. «Et ils aiment avoir ce genre de personnes chez Google».

La politique de rachat ne signifie pas que Google est incapable de développer en interne les solutions qui feront les tendances de demain, poursuit M. Sullivan.

Elle montre plutôt que l'entreprise a compris que son développement passait par la détection de jeunes talents, à l'image des clubs de hockey qui n'hésitent pas à débourser des millions pour recruter des jeunes joueurs promis à être les Crosby de demain.

Cette stratégie à un autre avantage: elle permet d'empêcher que la concurrence ne fasse main basse sur ces talents.