L'humour a sa place partout, selon la direction de l'École nationale de l'humour (ENH)! Depuis quelques années, à la demande d'entreprises et d'organismes, ses professeurs de comédie, d'improvisation et autres formateurs se transportent en milieu de travail pour appliquer l'humour à différents contextes.

L'institut propose officiellement ses services pour dérider cadres et employés. «L'humour n'est pas qu'une discipline artistique, explique Louise Richer, directrice générale et pédagogique de l'ENH. C'est un mécanisme de défense et d'adaptation. Un outil puissant dans les communications externes, pour percevoir un collègue différemment, pour faire tomber les barrières. Les messages teintés d'humour connaissent une meilleure diffusion et pénétration. L'humour aide aussi à la résolution de problèmes et nous débarrasse de nos idées préconçues.»

Cinq ateliers sont proposés par l'ENH. Ils sont destinés notamment à ceux qui veulent parfaire des discours, des conférences, qui veulent alléger une ambiance de travail et régler des conflits au bureau. Cela dit, l'ENH accepte de présenter des formations sur mesure, en entreprise autant que dans ses locaux. «On veut attaquer l'espèce d'énoncé: «Rigueur et humour sont antinomiques», dit Louise Richer. On confond rigueur et rigidité, alors que l'humour est une effervescence de l'esprit.»

«L'humour est un moyen de communication qui permet de se sortir de situations délicates, observe aussi Esther Lapointe, directrice générale de Groupe Femmes, politique et démocratie qui a eu recours à l'expertise de l'ENH. En milieu de travail, on est hésitant à y recourir.»

Dans ce cas précis, les ateliers étaient destinés à des femmes qui aspirent à des postes en politique. Ils font partie de la liste des programmes de formation proposés depuis 2004 par le groupe et baptisés Éthique et gouvernance, Négocier son pouvoir... «Notre objectif, c'est qu'il y ait plus de femmes en politique, explique Esther Lapointe. On a de bons résultats. Sur 71 de nos participantes, 16 se sont présentées à la mairie, 12 ont été élues. Et 27 sur 55 ont été élues conseillères municipales.»

«Pour le Groupe Femmes, politique et démocratie, ça a donné lieu à des révélations, surtout pour les femmes soucieuses de leurs compétences et leur image, raconte Louise Richer. On peut se donner le droit de faire craquer le vernis.»

Avec la promotion de ses ateliers qui ciblent autant les agences de publicité que les cabinets d'avocats et hôpitaux, l'ENH poursuit un double objectif: changer les mentalités face au pouvoir de l'humour et s'assurer de revenus autres que ceux générés par les inscriptions à ses programmes de formations traditionnelles aux futurs humoristes et auteurs. Les 35 présents étudiants en humour ont payé 10 500$ (auteurs) et 14 000$ (humoristes) pour leurs études. Louise Richer reste toutefois muette sur le prix facturé pour les formations en entreprise. «Ça dépend du contexte, dit-elle. Mais on aspire à donner de 25 à 30 ateliers dans la prochaine année. Éventuellement, ces formations pourraient constituer un débouché pour les gens en formation à l'école.»