En dépit d'une quatrième augmentation mensuelle d'affilée des exportations, l'excédent canadien des échanges internationaux de marchandises a fondu comme la neige sous la pluie, à cause d'un net rebond des achats de pétrole et de produits automobiles.

Le surplus s'est aminci à 116 millions de dollars en janvier, alors que celui de décembre, estimé d'abord à 3,0 milliards, a été ramené à 1,7 milliard par Statistique Canada.

Les importations de véhicules et de pièces ont bondi à elles seules de 16,6%, tandis que les exportations dans ce même segment ont été propulsées de 16,3%, à la faveur d'un stockage chez les grossistes et concessionnaires d'une part et la remise en marche de chaînes d'assemblage en Ontario, d'autre part.

Pour le troisième mois d'affilée, les importations de pétrole, qui alimentent la consommation dans l'est du pays, étaient à la hausse de 12,4%. Comme pour se prémunir contre les tensions dans le monde arabe, les pays fournisseurs ont surtout été l'Angola et la Russie cette fois.

Les exportations étaient en hausse globalement de 0,8% comparativement à 7,9% en décembre. «Le seul fait qu'elles aient pu augmenter pour le quatrième fois d'affilée malgré une poussée de 7,9% du huard jusqu'à la parité est certainement l'élément le plus positif», souligne Francis Fong, économiste chez TD.

On note une nouvelle augmentation des livraisons de biens industriels, surtout de l'or, mais une diminution de 8,9% des machines et équipement. Selon l'agence fédérale, c'est surtout dans le secteur aéronautique que la chute s'est produite. Elle efface en fait presque en entier le gain de décembre.

La hausse des achats de pétrole, jumelée à la baisse des expéditions d'aéronefs, présagent d'une grave détérioration du solde commercial québécois qui sera publié dans quelques semaines.

À l'échelle canadienne, les échanges avec les États-Unis se sont accrus dans les deux sens, mais la progression des importations a eu le dessus. Le surplus avec notre voisin est donc passé de 4,3 à 3,75 milliards. Le léger excédent avec le Japon est passé de 85 à 171 millions, tandis que le solde avec le reste du monde s'est détérioré.

«Il semble bien que la forte poussée du surplus en décembre était la merveille d'un mois, résume Douglas Porter, économiste en chef délégué chez BMO Marchés des capitaux. Le petit excédent de janvier reflète sans doute plus la tendance sous-jacente qui reste une nette amélioration par rapport au déficit mensuel moyen de 750 millions l'an dernier.»

Exprimées en volumes, les importations ont progressé de 5,2%, alors que les exportations ont à peine avancé de 0,1%.

L'appréciation du dollar canadien a permis aux entreprises de faire provision de machines et d'équipement, dont les achats à l'étranger ont augmenté de 3,2%, le plus élevé en neuf mois, signale Marc Pinsonneault, économiste principal à la Banque Nationale. «On ne peut blâmer les entreprises canadiennes de continuer d'investir pour augmenter la productivité.»

Cela dit, le solde commercial exprimé en volume s'est détérioré de décembre en janvier et pèsera sur le produit intérieur brut du premier trimestre. Il est encore bien trop tôt pour apprécier dans quelle mesure une poussée de la consommation et des investissements, que semble refléter la hausse des importations, pourront compenser.

Aux États-Unis, aucun expert n'avait prévu une telle détérioration du déficit commercial, qui est passé de 40,3 à 46,3 milliards US, selon les données du département du Commerce. Et ce n'est pas qu'une affaire d'or noir, dont le prix moyen était de 90$US le baril au cours du mois, comparativement à plus de 100$US ces jours-ci. Hors pétrole, le déficit est passé de 14,8 à 19,7 milliards US.

Exprimé en dollars constants, le déficit s'est aussi aggravé de 3,5 milliards US, à hauteur de 49,5 milliards US, même si la faiblesse du billet vert stimule les exportations. «Le secteur extérieur ne pourra autant contribuer à la croissance qu'il la fait à la fin de 2010, prévient Francis Généreux, économiste principal chez Desjardins. Si on se fie aux résultats de janvier seulement, la contribution risque d'être fortement négative.»