La consommation des ménages à fléchi aux États-Unis en janvier, tempérant les signes récents d'amélioration de l'économie américaine et de ses perspectives.

Les dépenses des ménages n'ont augmenté que de 0,2% sur un mois, ce qui marque leur progression la plus lente depuis juin, selon des chiffres publiés lundi par le département du Commerce.

Le chiffre du ministère est inférieur à la prévision des analystes. Ceux-ci attendaient un ralentissement notamment à cause des tempêtes de neige ayant paralysé plusieurs régions du pays, mais moins marqué: leur prévision médiane donnait une hausse de la consommation de 0,3% par rapport à décembre.

En termes réels, c'est-à-dire compte tenu de l'inflation, la consommation a baissé pour la première fois en un an, de 0,1% par rapport au mois précédent.

Après la révision en nette baisse du taux de croissance de l'économie américaine du quatrième trimestre (à 2,8%) annoncée vendredi, les chiffres du ministère devraient renforcer la position de ceux qui, à la banque centrale américaine (Fed), plaident pour un maintien du soutien de la politique monétaire à l'activité.

Quelques dirigeants de la Fed ont estimé récemment que l'institution devrait envisager de réduire la taille de son programme de rachats supplémentaires d'obligations du Trésor devant courir jusqu'en juin, ou d'y mettre fin plus tôt que prévu.

Ils restent minoritaires. La vice-présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, a déclaré vendredi qu'elle ne voyait pas de raison de modifier ce programme avant que la reprise soit «bien établie».

William Dudley, vice-président du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC), a tenu des propos semblables lundi et le président de la Fed, Ben Bernanke, pourrait répéter mardi à l'occasion d'une audition au Capitole que la reprise de l'économie américaine n'apparaît toujours pas «vraiment établie».

M. Bernanke avait indiqué début février que la banque centrale pourrait même envisager de prolonger au-delà du mois de juin son programme de rachats de bons du Trésor.

Le but de ce programme est de soutenir la reprise économique en maintenant le plus bas possible les taux d'intérêt à long terme afin de stimuler la consommation et l'investissement.

Pour Chris Christopher, économiste de l'institut IHS Global Insight, «la consommation semble avoir perdu de son élan».

Relevant que cette nouvelle s'ajoute à la flambée des cours du pétrole provoquée par les soulèvements populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, il estime que «le début d'année gâche assurément les choses pour les consommateurs et l'économie américaine».

Les chiffres du département du Commerce révèlent la grande prudence des ménages américains, alors que leur moral s'est nettement amélioré depuis le début de l'année.

Selon le ministère, les Américains ont vu leur revenu progresser en janvier comme jamais depuis mai 2009, de 1,0% par rapport à décembre, aidés par l'État qui a moins prélevé d'impôts à la source de leurs revenus. Ils ont cependant choisi d'épargner leurs gains plutôt que de les dépenser.

«Même si, d'une manière générale, nous restons optimistes en ce qui concerne l'évolution des dépenses de consommation des ménages», note Inna Mufteeva, analyste de la banque française Natixis, «nous nous inquiétons de plus en plus des effets de la flambée des cours du pétrole sur l'économie» américaine.