L'économie canadienne a bel et bien trouvé son deuxième souffle en fin d'année et paraît bien engagée pour poursuivre à bon rythme son expansion en ce début d'année, grâce à la forte impulsion de décembre.

La croissance réelle du produit intérieur brut (PIB) a atteint 3,3 % en rythme annuel, d'octobre à décembre, selon la mesure des comptes économiques, a indiqué hier Statistique Canada. Celle de juillet à septembre a aussi été relevée à la hausse: de 1,0 %, elle est maintenant évaluée à 1,8 %.

La croissance des deux derniers trimestres porte donc à 3,1 % la progression de l'économie en 2010, alors qu'elle a atteint 2,9 % aux États-Unis, Le Canada a fait mieux que son grand voisin pour une quatrième année d'affilée et sa maison est beaucoup plus en ordre. En 2010, seuls l'Allemagne et le Japon ont un peu mieux fait que le Canada au sein du G7.

«Il y a moins de capacités dans l'économie canadienne que la Banque du Canada l'avait précédemment indiqué, soulignent Yanick Desnoyers et Marco Lettieri, de la Banque Nationlale. La demande intérieure dépasse maintenant de 3,3 % son pic d'avant la récession et le PIB, tant réel que nominal, est maintenant dans une phase d'expansion.» La Banque avait prévu une croissance de 2,9 % pour 2010.

Le gain annualisé du PIB de 3,3 % cet automne est un point de pourcentage plus élevé que la prévision des autorités monétaires. Elles le commenteront peut-être en annonçant ce matin la reconduction de leur taux directeur à 1,0 % pour une quatrième fois d'affilée.

L'agence fédérale a aussi indiqué que le PIB mesuré aux prix de base s'était accru de 0,5 % en décembre. Il s'agit du gain le plus élevé en un an. Il fait suite au progrès appréciable de 0,4 % en novembre et à celui de 0,3 % en octobre (révisé de 0,2 %).

Pour l'ensemble du trimestre, seuls l'investissement résidentiel et les variations des stocks accusent des reculs.

La demande intérieure finale, qui inclut la consommation des ménages, les investissements des entreprises et des administrations publiques, a progressé de 4,7 %, en rythme annuel.

Redressement

Les exportations ont bondi de 17,1 % alors que les importations ont à peine varié. Cette situation est anormale et elle doit être interprétée correctement, prévient Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC. «Le déstockage s'explique en bonne partie par le ralentissement des importations. Attendez-vous à un re-stockage durant ce trimestre qui va passer davantage par des importations que par une hausse de la production.»

Le rebond spectaculaire des exportations nettes a eu aussi pour effet de réduire le déficit global du compte courant qui s'est établi à 11 milliards, soit 5,9 milliards de moins qu'au troisième trimestre.

Ce redressement n'aura pas été suffisant pour neutraliser le déficit des trimestres précédents. Pour l'ensemble de l'année, le solde de nos échanges commerciaux et financiers avec le reste du monde indique un manque de 50 milliards, une aggravation de 6,5 milliards par rapport à 2009.

Fait des plus spectaculaires au quatrième trimestre, les bénéfices d'exploitation des entreprises ont bondi de 41 %. Pour l'ensemble de 2010, ils dépassent de 18,4 % ceux de 2009.

Les citoyens ne sont pas en reste avec un bond de 5,4 % du revenu intérieur brut réel, une mesure des variations du pouvoir d'achat.

La poussée des prix des matières premières fait en sorte que les prix de ce que nous exportons ont augmenté plus vite que ceux des biens que nous importons.

On en a une autre indication avec la variation trimestrielle annualisée du PIB mesurée en dollars courants. Elle s'établit à 7,2 %.

Pour l'ensemble de 2010, le PIB nominal a augmenté de 6,2 %, soit deux fois plus que le PIB réel, alors qu'il avait reculé de 4,5 % un an plus tôt, bien davantage que le PIB réel.

C'est donc dire que l'assiette fiscale s'est plus élargie que ce qu'avait prévu le ministre des Finances Jim Flaherty.

Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la valeur de l'ensemble des biens et services produits en 2010 s'est établie à 1621,5 milliards. Exprimés en dollars constants pour ne pas tenir compte de l'effet des prix, les volumes produits équivalaient à 1325,1 milliards de 2002.

Le rythme du dernier trimestre et en particulier le bond de décembre mettent à risque la prévision de la Banque du Canada pour l'ensemble de 2011. À 2,4 %, elle paraît bien faible.