Les 253 employés en lock-out du Journal de Montréal sont présentement réunis en assemblée générale pour voter sur une proposition déposée par le médiateur pour régler le conflit qui dure depuis plus de deux ans. Les détails de l'offre n'ont pas été dévoilés.

Les 253 employés en lock-out du Journal de Montréal sont réunis en assemblée générale depuis plusieurs heures pour discuter d'une proposition déposée par le médiateur pour régler le conflit qui dure depuis plus de deux ans.

L'assemblée, qui se tient au Palais des congrès de Montréal, a débuté peu après 10 h samedi matin. La rencontre se tient à huis clos et sera suivie d'un point de presse.

Une porte-parole de la CSN, Jacqueline Rodrigue, a indiqué à La Presse jeudi que le comité de négociation du Syndicat des travailleurs de l'information du Journal de Montréal (STIJM-CSN) recommanderait aux syndiqués d'accepter la proposition du médiateur. Or, le comité de négociation aurait affirmé le contraire dans un courriel envoyé aux syndiqués. Interrogés sur le sujet samedi, tant Jacqueline Rodrigue que le président du STIJM, Raynald Leblanc, ont refusé de commenter.

Rappelons qu'en octobre dernier, les syndiqués, en lock-out depuis le 24 janvier 2009, avaient rejeté à 89,3% la première offre de règlement soumise par Quebecor. Les négociations ont repris au cours des dernières semaines, sous la direction du négociateur Jean Poirier.

Selon nos informations, Quebecor laisserait notamment tomber la clause de non-concurrence qui avait incité plusieurs syndiqués à se prononcer contre la proposition d'octobre dernier. Cette clause empêchait les employés congédiés de créer d'autres quotidiens dans la région de Montréal et de travailler pour La Presse ou Cyberpresse pour un certain laps de temps après la signature de l'entente. Avant de verser les primes de départ, l'employeur exigeait également la fermeture du Ruefrontenac.com, un site web d'information mis sur pied par les syndiqués au début du conflit.

Quebecor proposerait aussi de conserver 63 employés soit 11 de plus que dans la proposition faite en octobre dernier.

«Il y a eu des progrès, mais je ne dirais pas qu'il y a eu de très grands progrès, a souligné le journaliste Yvon Laprade avant le début de l'assemblée. Il n'y a pas de transformation des conditions de travail proposées par l'employeur. Il n'y a pas vraiment de miracle qui va se produire là. Ce matin, on est ici avec pas beaucoup d'attentes. On a encore beaucoup de réserves parce qu'on a eu tellement de déceptions depuis deux ans qu'on se dit qu'avant d'avoir un jugement valable par rapport à ce qu'on nous propose. On va être prudent.»

Il ajoute que lui et ses collègues n'ont pas envie de «rentrer à genoux». «On a passé deux ans sur le trottoir en lock-out, a-t-il rappelé. On a attendu beaucoup de règlements qui ne sont jamais venus. Après deux ans d'attente, on se dit qu'avant de rentrer, il faut absolument voir si tout le monde va y trouver son compte. Pour certaines personnes, c'est prendre leur retraite, pour d'autres trouver un nouvel emploi et pour d'autres surtout retrouver le respect de l'employeur aussi.»

Après la présentation de la proposition du médiateur, les syndiqués pourront demander un vote. Selon le journaliste Daniel Renaud, si la proposition est adoptée, ce n'est pas son contenu qui sera célébré.

«Les gens ont hâte qu'il y ait un point final à ce conflit-là, note-t-il. On utilise souvent le mot «règlement», mais le mot «règlement» a souvent une connotation positive, joyeuse. Mais, je ne pense pas qu'aujourd'hui, s'il y a un vote sur des offres qui nous seront présentées, même si le vote en positif, même si la salle va se lever pour applaudir, ce qu'on va applaudir, ce n'est pas nécessairement des applaudissements de joie. On va applaudir la fin d'un conflit pénible pour des dizaines de personnes parmi les 253 employés. On va pouvoir tourner la page et ce sera le début d'une nouvelle vie pour ceux qui choisiront de ne pas retourner au journal.

Avec La Presse Canadienne