Après avoir connu l'assaut des consommateurs en novembre, les magasins ont connu moins d'achalandage dans la plupart des provinces en décembre.

Les ventes des détaillants ont reculé dans sept provinces, indiquait hier Statistique Canada, ce qui donne un repli moyen de 0,2% d'un océan à l'autre. En novembre, elles avaient bondi de 1,5%. «Quand on fait la moyenne des deux mois, on arrive à la conclusion que les détaillants ont connu une bonne saison des Fêtes, mais pas une grande», résume Sonya Gulati, économiste chez TD.

Le Québec fait partie des trois exceptions, avec un gain appréciable de 0,8% qui fait suite en plus à un bond de 1,3% en novembre. Il faut rappeler que la société distincte n'a pas connu les blizzards des Prairies et des Maritimes qui ont sans aucun doute incité les gens à rester au chaud plutôt que de fréquenter les centres commerciaux.

Décembre est aussi un mois compliqué pour mesurer l'activité des détaillants avec la distribution des cartes et chèques-cadeaux. «Les ventes sont comptabilisées lorsqu'une carte-cadeau est échangée pour un bien et non pas au moment de l'achat de cette dernière», rappelle Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Leurs détenteurs attendent souvent janvier pour profiter des soldes.

Enfin, le repli du mois survient après six hausses d'affilée.

Des diminutions ont été observées dans 5 des 11 sous-secteurs.

Le segment rattaché à l'automobile brouille en particulier les cartes. Si on exclut les concessionnaires et les vendeurs de pièces, alors les ventes au détail ont augmenté de 0,6%. Si on soustrait en plus les stations-services dont le chiffre d'affaires a bondi de 7,6% grâce à l'augmentation du prix du brut, alors les ventes de l'ensemble des autres détaillants diminuent de 0,6%.

«Il faut garder à l'esprit que les ventes de véhicules avaient bondi de 10,8% de mai à novembre, alors que les autres, à l'exclusion de l'essence, continuent d'augmenter», souligne Matthieu Arseneau, économiste à la Banque Nationale.

Les autres reculs ont été enregistrés dans les magasins d'alimentation, de matériaux de construction et d'articles de sports, de loisirs et produits culturels.

Si on exprime les ventes en volumes, alors le recul atteint 0,4% et s'ajoute à d'autres données négatives au cours du mois: baisses des mises en chantier, des ventes des fabricants, du nombre d'heures travaillées. Du côté positif, il y a le redressement de la balance commerciale avec un bond de 8,1% des exportations nettes et le gain de 1,2% des volumes des ventes des grossistes.

On connaîtra lundi les données des comptes nationaux pour l'ensemble du trimestre et de l'année 2010, de même que la variation réelle du produit intérieur brut (PIB) par industrie pour le mois de décembre.

À la lumière de ce qu'on connaît déjà, les premières risquent de surprendre par leur vigueur, alors que la seconde pourrait décevoir.

Compte tenu de la force du mois de novembre, les ventes au détail ont progressé de plus de 5% en rythme annualisé au quatrième trimestre, soit autant qu'au cours du troisième. Elles représentent environ 60% des dépenses de consommation et témoignent que les ménages ont dépensé durant l'automne.

Plusieurs économistes prédisent donc que le PIB aura progressé de quelque 3,0% en rythme annuel d'octobre à décembre. C'est trois fois mieux que durant l'été et beaucoup plus que les 2,3% prévu par la Banque du Canada dans son scénario économique.

D'autres, plus prudents, rappellent que seul novembre aura été un bon mois dans l'ensemble et que le trimestre avait commencé sans aucun élan puisqu'il y avait eu décroissance en septembre. Pour ceux-là, le scénario de la Banque du Canada tient la route.

En ce qui concerne décembre cependant qui sert de tremplin à la nouvelle année, il faut s'attendre à une variation du PIB bien plus fable que celle de 0,4%, enregistrée en novembre.

«Si on calcule le PIB en multipliant la production par le nombre d'heures travaillées, alors il faudrait avoir enregistré une forte productivité pour éviter une lecture négative du PIB», fait remarquer Derek Holt, économiste chez Scotia Capitaux.