Les responsables des finances des pays du G20 ont surmonté l'opposition de la Chine pour créer un système de détection hâtive destiné à repérer les anomalies susceptibles de mettre la croissance économique mondiale en péril.

Cherchant à amoindrir le commerce inégal et les flux d'investissements qui ont contribué à plonger le monde dans une crise du crédit et une récession, les dirigeants des banques centrales et les ministres des Finances du G20 ont conclu leurs pourparlers à Paris dimanche dernier en établissant les critères qu'ils utiliseront pour voir si des déséquilibres sont en train de se former, dont les niveaux de déficit budgétaire, le déséquilibre externe et les taux d'épargne des particuliers.

Cette approche, qui sera mise en application grâce à la pression des pairs plutôt que par des cibles rigides, fournit aux États-Unis et à l'Europe une nouvelle façon d'alerter la Chine de l'impact économique d'un yuan qualifié de «considérablement sous-évalué» par Timothy F. Geithner, secrétaire du Trésor américain. Après s'être d'abord opposés à la liste des critères au cours des pourparlers qui ont duré toute la nuit, les Chinois, qui craignaient que cette liste ne serve d'arme contre leur politique actuelle en matière de devise, ont atténué leurs propos et ont réussi à obtenir l'omission des réserves de devises étrangères dans la liste.

«L'essentiel tient au fait que nous observons des progrès lents, mais constants, vers une meilleure coordination de la politique internationale visant à réduire les déséquilibres mondiaux», a souligné Thomas Stolper, stratège en chef de la division des devises chez Goldman Sachs Group, à Londres. «Les communiqués du G20, a-t-il ajouté, deviennent visiblement le résultat de compromis à propos de mots et d'expressions spécifiques.»

Les pays du G20 se sont réunis pour la première fois cette année sous la présidence de la France, tandis que l'inflation commence à remplacer la faiblesse de la croissance économique comme plus grand risque pour certains des membres de l'organisation, qui forment ensemble environ 85 % de l'économie mondiale. Les responsables ont fait état de leurs préoccupations concernant cette nouvelle menace en faisant observer que certains marchés émergents montrent des « signes de surchauffe ». Ils ont aussi convenu d'étudier les forces derrière la hausse des prix des produits de base, qui ont propulsé le pétrole à un sommet de 16 mois en janvier et les prix mondiaux des denrées alimentaires à un niveau record.