Vous savez, ces télescopes installés dans les lieux publics dans lesquels on insère des pièces de monnaie pour observer les environs? Une petite boîte montréalaise a décidé de les faire entrer dans l'ère moderne en les passant au tordeur technologique. Et, question de bien marquer ses ambitions, gsmprjct°technologie est allée percher ses premiers exemplaires... au sommet de la plus haute tour de la planète.

Guillaume Bernier, 35 ans, s'empare de l'engin métallique qui trône à la fenêtre des locaux de son entreprise, dans le Vieux-Montréal.

«On vient de lui trouver un nouveau nom: le Tellscope», annonce l'énergétique et verbomoteur chef de l'exploitation, avant de se lancer dans une démonstration des possibilités de son bébé.

M. Bernier braque le télescope sur un bâtiment du Vieux-Montréal et tape d'un doigt dans l'écran tactile de la machine. Une foule d'informations sur le lieu y apparaissent.

«Et si c'est nuageux? demande-t-il. Au sommet des tours, c'est souvent nuageux. À Tokyo, si on monte dans la tour pour voir le mont Fuji, la plupart du temps, la vue n'est pas bonne et on ne voit rien.»

D'un touché du doigt, M. Bernier fait apparaître une vue d'été parfaitement claire du paysage pourtant enneigé qu'on voit à la fenêtre. Encore plus surprenant: la vue affichée à l'écran suit les mouvements du télescope.

«Si c'est le jour, je peux te montrer une vue de nuit. Et si tu viens de nuit, je te montre une vue de jour», continue-t-il en tapant dans l'écran, révélant le secret de son engin: l'alternance entre l'utilisation d'un appareil numérique haute résolution et de photographies projetées sur une sphère.

Ah oui: oubliez les pièces de monnaie. Contrairement à ses ancêtres, le Tellscope accepte les cartes de crédit. De Dubaï à Chicago en passant par Singapour, des touristes sont peut-être justement en train d'insérer la leur dans l'une des 21 machines déjà installées.

Du musée à la tour

L'histoire du Tellscope débute en 2004. À l'époque, Guillaume Bernier vient de poser son sac à dos à Montréal après six mois de voyage en Amérique du Sud. Auparavant, le jeune ingénieur avait notamment travaillé pour Microsoft à Seattle et ouvert un bureau à Londres pour une firme américaine.

«J'étais revenu au Québec pour lancer mon entreprise. J'étais à l'affût d'une occasion d'affaires», dit-il.

C'est un ami qui le présente à Vincent Brie et Yves Mayrand, à l'époque à la tête de gsmprjct°intégration et gsmprjct°création. Ces entreprises québécoises conçoivent et montent des expositions pour des musées de partout dans le monde. Or, elles réalisent que les expos nécessitent de plus en plus de contenu technologique. M. Brie et M. Mayrand songent à lancer une entreprise qui mettre au point ces technologies et en conserverait la propriété intellectuelle.

Guillaume Bernier se lance et les trois hommes fondent gsmprjct°technologie. Leur premier contrat: concevoir un guide multimédia pour accompagner les visiteurs du Musée national de Singapour.

C'est quand gsmprjct°création décroche le mandat de concevoir l'observatoire de la tour Burj Khalifa, à Dubaï - plus haut bâtiment du monde - que germe l'idée du Tellscope.

Les trois associés croient tenir quelque chose. Plutôt que de se verser des salaires, les acolytes réinvestissent les profits de Singapour dans la conception du nouveau télescope. Deux ans plus tard, ils accouchent d'un prototype qu'ils testent sur la tour du CN, à Toronto. Les 12 premiers Tellscope sont installés à Dubaï en décembre 2009, une carte de visite incroyable pour la petite boîte montréalaise.

Les associés commencent par vendre leurs télescopes. Jusqu'au moment où ils calculent les revenus que peuvent en tirer leurs acheteurs.

«C'est là qu'on est arrivés avec le modèle des machines à Coke», dit Guillaume Bernier. La formule: gsmprjct°technologie donne les téléscopes, et les revenus générés par leur utilisation sont partagés entre la boîte montréalaise et l'exploitant de la tour où ils sont installés.

«Comme personne n'a de chèque à signer, le pitch de vente est plus facile à faire», souligne M. Bernier. La différence, c'est que les revenus entrent de façon beaucoup plus graduelle pour gsmprjct°technologie. D'où le besoin de trouver le financement nécessaire pour fabriquer et installer les Tellscope.

C'est finalement le FIER Longueuil qui accepte de miser sur l'entreprise. Vincent Brie, entre-temps, quitte la présidence de gsmprjct°intégration pour prendre celle de gsmprjct°technologie. Pour courtiser les clients, l'entreprise s'acoquine à la Fédération des grandes tours du monde. Le John Hancock Building, à Chicago, et la tour Ion, à Singapour, se lancent.

Aujourd'hui, la boîte de six employés doit toutefois trouver de nouveaux fonds pour poursuivre sa croissance. L'objectif pour 2011: installer 60 télescopes dans 10 nouvelles tours et engager trois nouveaux employés.

«Actuellement, on ne connaît personne qui ferait quelque chose de similaire, dit M. Bernier. Alors le but, c'est d'investir le marché mondial rapidement.»

gsmprjct°technologie

Fondateurs

Guillaume Bernier, Vincent Brie et Yves Mayrand

Président

Vincent Brie

Investisseur

Fonds d'intervention économique régional (FIER) Longueuil

Le concept en 140 caractères

«Donner de l'information en temps réel sur les environs aux visiteurs des tours d'observation; en cas de mauvaise visibilité, la vue parfaite est présentée.»

- Guillaume Bernier

Objectif d'ici un an

Installer 60 télescopes dans 10 nouvelles tours sur trois continents.