Le gouvernement Harper estime que le manque d'expérience du nouveau vice-président du CRTC, Tom Pentefountas, est un atout et assurera une plus grande neutralité à l'organisme chargé de réglementer la radiodiffusion et les télécommunications canadiennes.

Mais les partis de l'opposition et, très discrètement, des acteurs de l'industrie, s'inquiètent de la tentative du bureau du premier ministre de resserrer le contrôle politique sur cette industrie de quelque 60 milliards de dollars et à l'influence considérable.

Ottawa a annoncé en catimini vendredi dernier la nomination d'un ancien président de l'ADQ, Tom Pentefountas, au poste de vice-président de la radiodiffusion du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).

Vive opposition

Au Parlement, hier, les partis de l'opposition ont vivement dénoncé l'arrivée de cet avocat criminaliste de Montréal sans expérience de radiodiffusion au poste névralgique qu'il occupera à partir du mois d'avril.

Le NPD est revenu à la charge à plusieurs reprises au cours de la journée, critiquant le fait que le nouveau venu n'avait même pas les compétences identifiées par le CRTC dans un avis de poste vacant publié sur son site web en juin.

«Tout ce qu'il a, c'est une carte d'affaires qui dit qu'il est un bon ami du directeur des communications du premier ministre, Dimitri Soudas. Cette nomination sent mauvais», a lancé le député néo-démocrate Charlie Angus durant la période de questions.

«Une autre façon de le dire est qu'il n'est pas en conflit d'intérêts, qu'il n'est affilié à aucun des acteurs qui passent devant le CRTC», a répondu le ministre du Patrimoine, James Moore.

«À ce compte-là, Youppi serait encore meilleur!» a répliqué le député libéral Pablo Rodriguez.

Une autre nomination

Mais les critiques de l'opposition, et particulièrement celles du NPD, n'ont pas semblé démonter le gouvernement, qui est allé d'une autre nomination tirée des rangs de l'ADQ, hier après-midi. L'ancien député adéquiste et maire de Blainville, Pierre Gingras, a été nommé membre du conseil d'administration de CBC/Radio-Canada.

«Ils veulent mettre la main sur l'ensemble des organismes relevant du fédéral, a noté le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. C'était le cas à Droits et Démocratie. C'est le cas au CRTC. C'est le cas maintenant avec M. Gingras au conseil d'administration de Radio-Canada.»

Du côté de l'industrie, bon nombre de personnes ont, à mots couverts, dit s'inquiéter de ces nominations. Mais aucune des sources jointes par La Presse n'a voulu les dénoncer publiquement, de peur de représailles du CRTC.