Nomination controversée à Ottawa: le gouvernement Harper a choisi un avocat de la défense de Montréal branché politiquement mais sans expérience dans le milieu des communications pour devenir vice-président de la radiodiffusion du CRTC.

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Ancien président de l'Action démocratique du Québec (ADQ), Tom Pentefountas s'est présenté à deux reprises aux élections provinciales. Il a été défait dans une élection partielle en 2004, puis aux élections générales de 2008. Il a quitté ses fonctions officielles à l'ADQ après les élections de 2008. Plusieurs collaborateurs québécois de Stephen Harper, dont son directeur des communications Dimitri Soudas et le sénateur Léo Housakos, sont issus des rangs adéquistes.

Avocat depuis 1996, Tom Pentefountas n'a aucune expertise en réglementation de la télé et de la radio. Il devient le principal responsable de ce dossier du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), sous la supervision du président, Konrad von Finckenstein. Le poste de vice-président de la radiodiffusion du CRTC a été traditionnellement occupé par une personne bien connue de l'industrie de la radio et de la télé. Les deux prédécesseurs de Tom Pentefountas avaient une longue feuille de route dans l'industrie: Michel Arpin avait été cadre à Radiomutuel et Astral avant sa nomination, tandis qu'Andrée Wylie était une avocate spécialisée en droit des télécommunications qui avait trois siégé trois ans au CRTC avant d'obtenir une promotion comme vice-présidente de la radiodiffusion.

«Je trouve cette nomination inquiétante, dit Pierre Trudel, professeur en droit des médias à l'Université de Montréal. Le poste de M. Pentefountas est important. Habituellement, les gens qui l'occupent ont une très grande connaissance de l'industrie et de sa réglementation. Le CRTC prend quand même un millier de décisions par année. Le gouvernement semble vouloir mettre en place un CRTC affaibli. J'ai de la misère à comprendre comment on peut remplacer Michel Arpin par quelqu'un qui n'a qu'une fraction de son expérience.»

Le gouvernement Harper estime au contraire que Tom Pentefountas amènera un regard neuf à la table du CRTC. «Nous trouvons que c'est important de ne pas avoir seulement des gens de l'industrie qui sont nommés au CRTC. M. Pentefountas a passé à travers le processus de sélection et c'est lui qui est sorti comme le meilleur candidat. M. Pentefountas va pouvoir bénéficier de séances d'information sur la réglementation et il va amener une contribution positive», dit Jean-Luc Benoit, attaché de presse du ministre fédéral du Patrimoine, James Moore.

Le NPD estime plutôt qu'il s'agit d'une nomination partisane. «Je me questionne à savoir comment M. Pentefountas a pu être nommé à ce poste. Le gouvernement a placé quelqu'un au CRTC pour veiller à ses intérêts. Berluscoli serait impressionné par cette stratégie», dit le député Charlie Angus, critique du NPD en matière de radiodiffusion.

Le Parti libéral du Canada juge moins sévèrement la nomination de Tom Pentefountas. «C'est toujours désirable d'avoir de l'expérience pour accéder à un tel poste, mais je ne le connais pas et je vais lui laisser le bénéfice du doute», dit le député libéral Marc Garneau, critique du Parti libéral du Canada en matière d'industrie, de sciences et de technologie. Le Bloc québécois et l'Action démocratique du Québec n'ont pas voulu commenter la dernière nomination du gouvernement Harper au CRTC, tout comme l'entreprise BCE.

Tom Pentefountas n'était pas disponible hier afin de répondre aux questions de La Presse Affaires.