Après de nouveaux résultats médiocres au quatrième trimestre, Nokia doit urgemment présenter un nouveau cap selon les analystes, qui attendent beaucoup d'une journée d'investisseurs du numéro un mondial des téléphones mobiles le 11 février à Londres.

«Une nouvelle stratégie est cruciale», estime Hannu Rauhala qui suit Nokia pour la banque finlandaise Pohjola. «Il n'y a aucune réelle stratégie en place pour l'instant», peste-t-il.

Nommé cet automne pour provoquer un électrochoc, le Canadien Stephen Elop, transfuge de Microsoft et premier étranger à diriger Nokia, devra convaincre que la bataille n'est pas perdue face à l'essor de l'iPhone d'Apple et autres téléphones intelligents sous système Android (Google).

Les analystes s'accordent à dire qu'une redéfinition radicale est nécessaire pour effacer deux années de lancements retardés ou ratés, notamment dans la catégorie haut de gamme des téléphones intelligents, de problèmes de qualités et d'incapacité à redresser clairement la barre et la confiance des investisseurs.

Nokia a certes fait mieux que redouté par les analystes au dernier trimestre, mais ses bénéfices ont continué à fondre de 21% par rapport à 2009, déjà une très mauvaise année, selon ses résultats publiés fin janvier.

Le finlandais, leader mondial depuis 1998, est resté étonnamment muet sur ses prévisions pour cette année.

«Nous ne donnerons pas de prévisions à long terme ou d'estimations aujourd'hui», a déclaré le directeur financier Timo Ihamuotila le 27 janvier lors d'une conférence téléphonique avec les analystes qui insistaient pour entrevoir les perspectives du géant des téléphones.

Pour cela, Nokia renvoie à la journée du 11 février pour son «Capital Markets Day».

Les analystes auront ce jour-là les oreilles aux aguets pour savoir ce que Nokia compte faire pour ce qui est considéré comme son talon d'Achille: son système d'exploitation.

Stephen Elop a dit clairement la semaine dernière que Nokia comptait beaucoup sur son nouveau logiciel (FOR SMARTPHONES) Symbian 3, mais n'a pas fait mention de MeeGo, une nouvelle plateforme «open source» codéveloppée avec l'américain Apple.

Celle-ci promet beaucoup pour contrer Android, mais n'existe encore que dans les cartons de Nokia.

«MeeGo est toujours un point d'interrogation et Elop n'en a pas parlé une seule fois» lors de la présentation des résultats, souligne Sami Sarkamies, analyste de la banque Nordea. «Donc il y aura peut-être des changements liés à Meego», devine-t-il.

Cette semaine, une étude d'un cabinet indépendant a montré que le Symbian de Nokia avait très probablement perdu sa place de leader des systèmes d'exploitation pour téléphones intelligents au quatrième trimestre, dépassé par la percée irrésistible d'Android.

La tentation pourrait exister pour Nokia, si ce n'est d'adopter Android, du moins de faire «un pont de comptabilité avec les programmes Android», souligne M. Sarkamies, évoquant des rumeurs selon lesquelles le canadien RiM (Blackberry) souhaiterait faire de même.

Mais pour son homologue Rauhala, Nokia risquerait alors de perdre son identité et de devenir «un fabricant d'Android comme les autres».

Point attendu également vendredi: la stratégie de Nokia aux États-Unis, où le finlandais va d'échecs en déconvenues depuis plusieurs années pour dégarnir de dollars le portefeuille des riches Américains.

«Ils doivent améliorer leur collaboration avec les opérateurs américains, parce qu'ils sont le coeur de la distribution des téléphones», souligne Hannu Rauhala.

Outre la patte nord-américaine de Stephen Elop, les analystes espèrent voir du neuf pour la première grande annonce stratégique du Canadien.

«Il y aura probablement des choses que Nokia n'a jamais vues», espère M. Rauhala.