Mardi soir, quand le plus important client de CGI (T.GIB.A) a décidé de geler ses dépenses, il n'a pas passé un coup de fil au siège social de l'entreprise à Montréal. Barack Obama a plutôt annoncé sa décision à la télévision lors de son discours sur l'état de l'Union.

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Le plan d'austérité de Barack Obama n'inquiète pas CGI, qui tire 28% de ses revenus du gouvernement fédéral américain. Le président et chef de la direction de CGI, Michael Roach, qui veut aller à la rescousse de l'administration Obama, parle même d'une «bonne nouvelle».

«Les gouvernements cherchent des moyens d'économiser et de réduire leurs dépenses. Nous pouvons les aider. Nous faisons partie de la solution en ces temps difficiles pour les gouvernements. Nous avons aidé la Virginie à améliorer leur système d'achats pour que l'État paie tout moins cher, incluant ses crayons! Nous aidons certains États américains à augmenter leurs revenus en percevant des impôts», a dit M. Roach hier à l'occasion de l'assemblée annuelle des actionnaires de CGI.

Les mesures de contrôle budgétaire de Barack Obama ne touchent pas les dépenses militaires et de sécurité nationale. En août dernier, CGI a dépensé 1,1 milliard US pour mettre la main sur Stanley, firme spécialisée en services technologiques militaires. Beaucoup grâce à cette acquisition, les contrats du gouvernement fédéral américain sont passés de 10% à 28% des revenus totaux de CGI en un an.

«J'anticipe une hausse des revenus dans le secteur militaire, dit Michael Roach. Le secteur militaire et de la sécurité dépendra davantage de la technologie.»

Ironie du sort, les contrats de CGI avec le département américain de la Défense lui ouvriront des portes pour d'éventuels contrats militaires au Canada. «Dans ce domaine, il vous faut des références et nous avons maintenant de bonnes références aux États-Unis», dit Michael Roach.

Après avoir payé 1,1 milliard US pour Stanley l'an dernier, l'entreprise montréalaise n'exclut pas de faire d'autres acquisitions en 2011. C'est d'ailleurs pourquoi CGI n'a pas l'intention pour l'instant de verser un dividende à ses actionnaires. «Comme consolidateur de notre industrie, nous devons avoir le plus de flexibilité financière pour faire des acquisitions», dit Michael Roach. En 2011, CGI entend consacrer jusqu'à 430 millions de dollars pour racheter des actions.

Les actionnaires sont mal placés pour se plaindre de l'absence de dividende. Depuis un an, le titre de CGI à la Bourse de Toronto s'est apprécié de 34,0%.

Hier, CGI a annoncé des résultats financiers pour le premier trimestre de 2011 assez encourageants pour que son titre s'apprécie de 5,02% à la Bourse de Toronto. Pour le dernier trimestre, ses revenus ont été de 1,12 milliard ("25,9% en devises constantes en un an), ses bénéfices ajustés avant impôts et intérêts de 158,5 millions ("32,7% en un an) et ses nouveaux contrats signés de 1,2 milliard (-25% en un an). Le titre de CGI a clôturé la séance d'hier à 19,68$ à la Bourse de Toronto.

Si l'entreprise regarde en avant, CGI n'oubliera pas de fêter son 35e anniversaire cette année. Fondée en 1976 à Québec par Serge Godin et André Imbeau, CGI a eu comme premier client le ministère québécois des Affaires sociales. Son premier mandat? Calculer le coût de différents scénarios de négociations de conventions collectives avec le secteur public.

Trente-cinq ans plus tard, CGI fait toujours des affaires avec le gouvernement du Québec, mais l'entreprise a des revenus annuels de 3,7 milliards et 31 000 employés répartis dans 125 bureaux dans le monde. Et son client le plus important s'appelle Barack Obama.