Le prochain directeur général de Google (GOOG), Larry Page, va tenter de rendre tout son lustre au géant de l'internet qu'il a co-fondé, en développant la prise en compte de la dimension «réseau social» de la toile qui a fait le succès fulgurant du site Facebook, selon des experts.

Sophie Cousineau: Le chassé-croisé de Silicon Valley

M. Page, qui retrouvera en avril le poste qui était le sien aux tout débuts de Google, prendra la tête d'un groupe dont les performances n'ont jamais été aussi éclatantes (chiffre d'affaires en hausse de 24% sur un an, proche des 30 milliards de dollars, bénéfice en hausse de 30% à 8,5 milliards), mais qui sort d'une année éprouvante.

Même si le groupe est en croissance, «on peut faire valoir que (Google) n'a pas bâti de nouvelles sources de recettes importantes, est venu tard sur le marché du mobile, n'a pas de solution efficace dans le domaine social, a trop embauché et s'est mis dans la ligne de mire des régulateurs» avec des enquêtes antitrust en Europe et aux États-Unis, énumère un analyste de BGC Partners, Colin Gillis.

Pour relever le défi, notamment face au réseau social Facebook, étoile montante de la Silicon Valley qui le dépasse désormais en durée de consultation et débauche certains de ses brillants éléments, Google «doit prouver qu'il a retrouvé sa magie et qu'on n'a pas de raison de le craindre», indique à l'AFP le rédacteur en chef de SearchEngineLand, Danny Sullivan.

«Les réseaux sociaux sont à la mode et la perception c'est que Google devrait faire quelque chose là-dedans (..) ce qui néglige le fait qu'ils ont des produits qui marchent bien», ajoute M. Sullivan.

Et c'est bien cet aspect-là qu'entend développer Google.

«Si on pense à ce que les cinq prochaines années seront pour la vie en ligne, d'un point de vue social, et au genre d'outils qu'on pourra créer, nous n'en sommes vraiment qu'au tout début, et je suis incroyablement enthousiaste concernant les possibilités», a souligné M. Page jeudi.

L'autre fondateur de Google, Sergey Brin, en charge des «projets stratégiques» et des nouveaux produits, a assuré que les réalisations actuelles de Google avec l'internet social représentent seulement «le sommet de l'iceberg», «1% des possibilités qui peuvent être déployées».

Pour Lou Kerner, analyste à la maison de courtage Wedbush Securities, cet accent mis sur l'internet social est la preuve qu'il est trop tôt pour «enterrer» Google.

«Les deux plus grosses tendances de fond depuis l'avènement de l'internet sont le mobile et le social, et Google va être un acteur majeur dans ces deux domaines», explique-t-il à l'AFP.

En à peine plus de deux ans, Google s'est hissé au sommet de l'internet mobile, avec la popularisation de son système d'exploitation Android, qui équipe la majorité des «smartphones» se vendant actuellement dans le monde.

«Si on pense à un monde où la majorité des gens qui accèderont à Facebook le feront sous Android», ajoute M. Kerner, «Google est très bien positionné dans le social».

Sans oublier qu'il est déjà très présent dans ce domaine avec YouTube, site de partage de vidéos d'essence communautaire, le courriel, qui «reste le premier média de communication sociale» et où Gmail grandit plus vite que ses concurrents, et les blogs via sa plateforme Blogger, sans compter le site d'échange de photos Picasa.

Reste que le changement de direction à Google pourrait insuffler une nouvelle énergie à un groupe qui semble presque ronronner, selon M. Kerner. «S'il y a une chose que Facebook a montré à Google, c'est que Google avance trop lentement, (alors que) Facebook avance à la vitesse de la lumière».