La crise de 2008 et 2009 n'a pas affecté le secteur financier canadien comme elle l'a fait pour son homologue américain. En revanche, le créneau du capital d'amorçage, lui, a subi un recul dont le secteur technologique québécois, fortement dépendant de ces fonds, commence à se remettre, en cherchant d'autres formules que le financement traditionnel.

L'année 2010 ne passera pas à l'histoire dans le secteur du capital de risque. Au Québec, les plus récentes statistiques indiquent que le total des sommes investies dans de nouvelles entreprises technologiques était légèrement inférieur à celui de 2009. Durant les neuf premiers mois de 2010, selon Réseau capital, association du secteur québécois du capital d'investissement, 279 millions de dollars ont été investis, comparativement à 319 millions pour la même période l'année précédente.

Le Québec n'est pas en si mauvaise posture pour autant: il a bénéficié de 31% du financement total au pays l'an dernier, 46% de ces investissements ayant été faits dans des entreprises québécoises. Au total, on a compté 125 investissements, un volume de transactions pratiquement identique à celui de 2009.

Faire plus avec moins

Les sommes investies étaient donc moins élevées en 2010, ce qui n'est pas à prendre de façon négative, observe Chris Arsenault, président d'iNovia Capital. Selon lui, cela signifie que les entrepreneurs doivent se montrer plus créatifs, afin de faire plus avec moins, en quelque sorte.

«Quand on est acculé au mur, le résultat est souvent plus solide. Des sociétés comme Microsoft et Apple sont devenues des géants seulement après avoir traversé de telles crises», dit-il, ajoutant que les entrepreneurs cherchant actuellement du financement peuvent se compter chanceux: le Québec compte de nombreux investisseurs prêts à les aider, qu'il s'agisse de fonds plus traditionnels comme iNovia, ID Capital, ou le BlackBerry Fund, ou d'investisseurs privés plus modestes, qu'on appelle souvent des anges financiers.

«Le capital-risque n'est pas la seule option. La preuve: Discreet Logic a été fondée par un ancien de Softimage grâce à l'argent d'amis et de la famille.» En fait, s'il n'avait qu'une chose à déplorer, M. Arsenault montrerait du doigt les grandes technos canadiennes, qui font peu pour stimuler l'innovation autour d'elles. «On doit à Nortel la naissance de plusieurs autres entreprises, y compris d'éventuels géants comme Qualcomm.» On ne voit pas RIM ni CGI avoir un tel effet rassembleur sur leur secteur, conclut l'homme d'affaires montréalais.

Maison Notman: lieu de rencontre pour technos montréalaises

Si ce ne sont pas les grandes entreprises, ce sont peut-être de plus petits entrepreneurs qui pourront créer un environnement encourageant l'innovation. Six entrepreneurs montréalais, incluant les partenaires du nouveau fonds d'amorçage Real Ventures, comptent ainsi faire l'acquisition de la maison Notman, un édifice situé au coin de la rue Sherbrooke et du boulevard Saint-Laurent, à Montréal, afin d'en faire l'épicentre des nouvelles technologies mobiles montréalaises.

«C'est un bon temps pour investir, de nombreux entrepreneurs sont à la recherche de petites sommes pour les aider à développer leur idée. Nous pensons qu'en offrant à la communauté d'affaires un lieu d'échange comme celui-là, nous pourrons créer davantage d'occasions d'innovation et d'investissement», explique John Stokes, un des partenaires impliqués dans le projet.

Présentement en rénovation, la maison Notman accueillera l'été prochain des petites entreprises désireuses de louer à très court terme un petit local, ou même quelques postes de travail. D'ici quelques jours, un café avec service Wi-Fi gratuit ainsi que quelques locaux entreront en service. Les revenus seront entièrement réinvestis dans des projets liés à l'essaimage d'entreprises dans le secteur des technologies mobiles.

«On veut stimuler l'innovation. Pour y arriver, on commence par miser sur les entrepreneurs. Le financement viendra ensuite», résume M. Stokes. Les idées d'abord, l'argent ensuite.

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