La reprise s'essouffle. L'économie canadienne a ralenti plus fortement que prévu au troisième trimestre sous le poids d'un commerce extérieur atone. Et le Québec va en subir les effets, selon des experts. Mais, il y a de l'espoir: l'économie américaine montre des signes vitaux encourageants.

Il y a un an, le Canada faisait l'envie du monde occidental avec la reprise la plus robuste. En l'espace de deux trimestres, tout a changé.

De juillet à septembre, la croissance réelle de notre économie a été limitée à 1,0% en rythme annuel, la pire du G8, plombée par la faiblesse de notre commerce extérieur et par la correction sur le marché de l'habitation. Au printemps, le ralentissement était déjà marqué avec un gain de 2,3% qui faisait suite à deux trimestres au-delà des 5%.

Cette avancée timide du PIB, mesuré à partir des comptes économiques, est la plus faible depuis l'été 2009 qui marquait le début de la reprise.

Elle a été facilement dépassée par celles du Royaume-Uni, de la zone euro, de la Suisse, de la Suède, du Japon, sans oublier les États-Unis. Nos voisins du Sud, dont on dit l'économie bien plus en mal en point que la nôtre, ont connu une croissance de 2,5% en rythme annuel durant l'été.

De septembre à septembre, la croissance canadienne s'élève à 3,4%, ce qui n'est guère mieux que les 3,2% américains.

Mince consolation, ce faible gain trimestriel aura suffi pour confirmer que le Canada est bel et bien en expansion alors que l'économie américaine reste encore à 0,6% de son sommet du quatrième trimestre 2007.

«Le Canada est entré dans une phase de faible croissance», juge Diana Petramala, économiste à la Banque TD.

Les sceptiques seront définitivement confondus avec la mesure du produit intérieur brut par industrie au mois de septembre. Il a reculé de 0,1%, effaçant une partie du bond de 0,3% d'août.

Fait inquiétant, ce sont la fabrication et l'exploitation minière et énergétique, deux secteurs très cycliques et orientés vers les exportations, qui expliquent ce recul qui a surpris les experts. «Le quatrième trimestre s'amorce sans entrain avec une croissance nulle en début de période, constatent Yanick Desnoyers et Matthieu Arseneau, économistes à la Banque Nationale.

Les données trimestrielles sont en deçà du scénario économique de la Banque du Canada, qui tablait prudemment sur une croissance de 1,6%, tout comme bon nombre de prévisionnistes. Elle aura l'occasion de faire le point mardi lors de l'annonce de son taux directeur, qu'elle va assurément reconduire à 1,0%.

Commerce extérieur

Le commerce extérieur aura été une fois de plus la principale entrave à la croissance canadienne. Pour le sixième trimestre d'affilée, les exportations nettes (exportations moins importations) se sont soldées par une sortie de richesses de 136,8 milliards.

Elles ont retranché 4,4 points à l'expansion, ce qui est presque autant que la soustraction de 5,8% du deuxième trimestre. La force du huard gruge encore la compétitivité des entreprises canadiennes alors même que les Américains augmentent leurs importations.

Durant l'été, et pour la première fois du présent cycle, l'investissement résidentiel a légèrement freiné la croissance, en lui retranchant 0,3%. Les chiffres de l'automne sont jusqu'ici plus encourageants. Cette contribution négative se révélera peut-être accidentelle.

L'autre élément qui différencie le troisième trimestre du deuxième, c'est la variation des stocks. «La contribution de cette dernière au PIB réel n'a été que de 0,6% au troisième trimestre, contre 2,6% au trimestre précédent», calcule Benoit P. Durocher, économiste principal chez Desjardins. Ils équivalent à un peu plus de deux mois de vente, ce qui est un peu plus que leur moyenne historique.

Comme c'est le cas depuis le début de la reprise, la consommation des ménages est restée robuste, à hauteur de 3,5% en rythme annuel.

Les dépenses des gouvernements ont par contre été plus faibles que prévu en n'ajoutant qu'un maigre 0,9%, comme cela avait été le cas au premier trimestre.

Pour le troisième trimestre d'affilée, les investissements des entreprises en machinerie, équipement et surtout ordinateurs, ont été au rendez-vous.

En somme, à 3,8%, la demande intérieure finale aura même été un peu plus forte qu'au printemps.

Le revenu intérieur brut, qui donne une idée des variations du pouvoir d'achat, a progressé de 0,4% en rythme annuel.

En revanche, la croissance du produit intérieur brut en dollars courants (PIB nominal) a atteint 2,8%. Sa valeur annualisée, qui reflète la somme des biens et services produits, s'élevait à 1621,6 milliards.

Voyez notre chronique vidéo sur lapresseaffaires.cyberpresse.ca: «Le pire est sans doute passé».