La recherche sur l'internet subit actuellement de grandes transformations. Tant Google que Microsoft, entre autres, comptent redéfinir le monde des moteurs de recherche, ce qui pose de nouveaux défis aux entreprises ayant pignon sur web.

Le secret de la fortune de Google est simple: soucieux d'attirer les internautes en masse, les propriétaires de sites web achètent de l'espace publicitaire sur les pages de résultats correspondant à des mots-clés bien définis. Générant plus de 70% de toutes les recherches dans le monde, Google est un incontournable en la matière.

D'autres sites conçoivent plutôt leurs pages de façon à ce qu'elles se classent au sommet de la liste de ces résultats, sans acheter d'espace publicitaire. Cette stratégie a un nom, l'optimisation du référencement, une spécialité dont vivent plusieurs professionnels des nouveaux médias partout dans le monde. Des entreprises paient une petite fortune chaque année pour «optimiser» leur site web selon les paramètres de Google.

Ces paramètres ont changé cet automne. Pour satisfaire des internautes plus pressés et plus mobiles, Google a ajouté deux fonctions à son moteur de recherche: les résultats instantanés et la géolocalisation. Celles-ci accroissent les chances que les internautes trouvent rapidement un commerçant offrant un produit ou un service précis situé à proximité.

Pour les entreprises et pour leurs experts en référencement, c'est un nouveau défi, constate Éric Baillargeon, consultant en rayonnement web. «Ces changements influencent largement la façon dont on bâtit des sites web: dans chaque page web, il faut indiquer le nom des régions, villes ou quartiers que les produits ou services ciblent.» Ça se complique par le fait que des sites d'une autre langue, correspondant aux nouveaux critères, seront mieux évalués que des sites optimisés pour la langue de recherche utilisée.

Pourtant, les ajustements mis de l'avant par Google ne sont qu'un reflet de la diversification des appareils ayant accès à l'internet. Quiconque possédant un site web doit revoir sa façon de le mettre en valeur. «La recherche sur l'internet est en pleine transformation. Il faut revoir les sites web en fonction des téléphones et des tablettes, ça crée beaucoup d'ouvrage à l'horizon», dit l'expert québécois.

Des recherches personnalisées

Avec le repli de Yahoo! du côté de Microsoft, et exception faite du moteur chinois Baidu, le monde de la recherche internet se résume désormais à deux principaux acteurs: Bing et Google. Avec environ 15% du marché de la recherche en ligne, Bing tente de gruger l'imposante domination de Google de diverses façons.

Microsoft s'est entendue récemment avec Facebook afin d'offrir une recherche basée sur les recommandations des utilisateurs de ce réseau social. Ce projet demeure embryonnaire, mais il pourrait faire basculer le pouvoir sur la recherche du côté des internautes, estime Gab Goldenberg, spécialiste montréalais en matière de référencement.

«La pertinence d'un site serait évaluée selon les recommandations de ses amis. C'est rassurant pour l'internaute. Plus que des suggestions établies à partir du nombre d'hyperliens renvoyant au même site web, ce qu'utilisent Bing et Google pour recommander des sites.»

La personnalisation ira même plus loin, selon lui. Il cite en exemple Blekko, un moteur où il est possible de cibler sa recherche à l'aide de mots-clés additionnels. On pourrait utiliser Blekko pour connaître l'état de l'arbitrage dans la Ligue nationale de hockey (LNH) tel que perçu par les sites suivant exclusivement le Canadien de Montréal. Ou par les amateurs de bière. Ainsi de suite.

Blekko est tout naissant, mais M. Goldenberg ne serait pas surpris si Google ou Microsoft finissait par en faire l'acquisition. «La personnalisation est un phénomène limité pour le moment, mais à plus long terme, ça pourrait affecter tout le marketing sur l'internet», estime-t-il, puisque ça pourrait inciter les internautes à cliquer plus souvent sur les hyperliens affichés, base incontournable de l'économie du web moderne.

Pour joindre notre collaborateur: alain.mckenna@lapresse.ca