Qualifiant de «trop généreux» le régime québécois de santé et sécurité au travail, le Conseil du patronat (CPQ) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) demandent au gouvernement de faire preuve de «courage» et d'y apporter des changements draconiens.

«À la fin, tout le monde est touché parce que s'il y a plus d'argent qui est payé en cotisations (à la Commission de la santé et de la sécurité au travail), c'est moins d'argent disponible soit pour les salaires, soit pour l'investissement afin de créer d'autres emplois», a déclaré mercredi le président du CPQ, Yves-Thomas Dorval, en conférence de presse à Montréal.

Le CPQ et la FCCQ réclament que les indemnités versées aux travailleurs accidentés ou malades soient réduites de façon à abaisser les coûts du régime, qui est financé exclusivement par les employeurs.

Les regroupements souhaitent notamment que la période de recherche d'emploi pendant laquelle des indemnités sont versées soit ramenée de 52 à 15 semaines. Ces indemnités sont destinées aux travailleurs accidentés qui ne peuvent pas réintégrer leur poste au terme de leur congé.

Le CPQ et la FCCQ déplorent que de 1999 à 2008, les indemnités de remplacement du revenu aient crû de 69 pour cent alors que pendant la même période, le nombre de lésions professionnelles a diminué.

Les patrons veulent par ailleurs plafonner à 30 le nombre de traitements de physiothérapie remboursés par la CSST, estimant que le système actuel ouvre la porte aux «abus». À l'heure actuelle, le nombre moyen de traitements est de 53 au Québec.

Les associations d'employeurs en ont également contre le programme «Pour une maternité sans danger», qui permet aux femmes enceintes ou qui allaitent de se retirer du travail de façon préventive.

Selon les employeurs, le programme coûte quelque 200 millions $ par année alors qu'à l'origine, la facture était évaluée à 8 millions $. Les patrons exigent que la liste des dangers justifiant l'application du programme soit revue.

«Les incohérences amènent des coûts exorbitants qui peut-être sont tout à fait justifiés, mais on n'a pas de démonstration que notre situation, qui est extrêmement généreuse, (...) prévient des maternités à risque», a affirmé Françoise Bertrand, présidente de la FCCQ, en faisant remarquer que la moitié des femmes enceintes se prévalaient du programme.

Le CPQ et la FCCQ calculent que la quarantaine de recommandations qu'ils formulent leur permettraient d'économiser 90 millions $ par année. Cela représente 3,9 pour cent des 2,3 milliards $ que les employeurs versent chaque année au régime.

Les propositions des organisations patronales sont contenues dans un mémoire qui a été présenté le mois dernier au groupe de travail sur l'avenir de la CSST, présidé par Viateur Camiré. Le comité doit déposer son rapport d'ici la fin de l'année.

Une cinquantaine d'autres groupes ont également soumis des mémoires au comité Camiré.

Les syndicats s'opposent fortement à la position conjointe du CPQ et de la FCCQ. La CSN doit réagir jeudi.