Dans un monde virtuel, les héros des jeux d'Ubisoft trouveraient sans doute une issue pour se sortir de cette fâcheuse situation. Mais sur les marchés financiers, impossible d'échapper à la réalité: Ubisoft continue de perdre de l'argent.

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À la veille du lancement très attendu de Assassin's Creed Brotherhood, un jeu s'annonçant très lucratif qui a été conçu en grande majorité dans son studio de Montréal, Ubisoft a dévoilé des résultats financiers décevants pour la première moitié de son année financière 2010-2011. Du 1er avril au 30 septembre, Ubisoft a généré un déficit opérationnel de 64,9 millions d'euros et un déficit net de 89,8 millions d'euros malgré des ventes de 260,5 millions d'euros. Il s'agit d'une hausse des ventes de 57% sur un an. «Nous avons pas mal augmenté nos ventes. Nous avons confirmé que notre offre de jeux est au rendez-vous», dit Yannis Mallat, PDG des studios d'Ubisoft à Montréal et Toronto, en entrevue à La Presse Affaires.

L'ennui, c'est que les dépenses en recherche et développement (98,4 millions, +105%) et des campagnes de marketing (81,9 millions, +25%) ont aussi explosé chez Ubisoft, dont le studio le plus important, qui compte 2100 employés, est situé à Montréal.

«La rentabilité d'Ubisoft est mise au défi, dit l'analyste Mike Hickey, de la firme Janco Partners au Colorado, à La Presse Affaires. Ils ont beaucoup de jeux avec des coûts de développement élevés et d'importantes redevances à des tierces parties. Je recommande toujours d'acheter le titre, mais ce sont des résultats financiers décevants.»

Ubisoft croit toujours se sortir du rouge à la fin de son année financière. L'entreprise mise sur les ventes de Assassin's Creed Brotherhood et d'autres jeux davantage grand public comme Your Shape sur Kinect, Just Dance et Michael Jackson: The Experience durant le temps des Fêtes, la période la plus lucrative pour les éditeurs de jeux vidéo. «Les perspectives sont extrêmement encourageantes pour Noël», dit Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft, qui prévoit des revenus de 960 millions d'euros pour l'ensemble de son année financière.

Ubisoft s'est toutefois gardé un peu de marge de manoeuvre. Même si les préventes d'Assassin's Creed Brotherhood sont en hausse de 25% par rapport aux préventes d'Assassin's Creed II lancé à l'automne 2009, Ubisoft a budgété des revenus moindres pour son dernier opus, lancé ce matin en Amérique du Nord et jeudi en Europe.

Les nouvelles en provenance du siège social de Paris ne sont pas toutes mauvaises. Tout d'abord, Ubisoft a gagné 1% de parts en marché aux États-Unis (5,2%) et en Europe (8,4%) durant les neuf premiers mois de 2010.

Au chapitre des bonnes nouvelles, la multinationale française a aussi doublé ses ventes de jeux numériques, qui ont atteint 16 millions d'euros au cours de la première moitié de son année financière. Le PDG Yves Guillemot s'attend à quadrupler son chiffre d'affaires numérique au cours des deux prochaines années. Plus tôt ce mois-ci, Ubisoft a fait l'acquisition d'une PME montréalaise spécialisée dans le jeu en ligne, Quazal Technologies. «Nous sommes contents d'avoir sécurisé une expertise aussi importante», a dit le PDG Yves Guillemot.

Les résultats financiers d'Ubisoft ont été dévoilés hier après la fermeture de la Bourse de Paris, où le titre d'Ubisoft a gagné 2,1% pour clôturer la séance à 9,65 euros. Le titre d'Ubisoft s'est déprécié de 11,7% depuis un an.