La nouvelle a eu l'effet d'une pilule de Viagra dans une industrie en perte de tonus: après des coupes importantes chez Merck, MDS et Teva, Pfizer investira 22 millions de dollars dans le siège social de sa filiale canadienne de Kirkland, dans l'ouest de Montréal.

> Suivez Philippe Mercure sur Twitter

L'investissement vise à reconstruire le bâtiment et ne conduira à aucune création d'emplois. Reste qu'il a été salué hier par les politiciens et les acteurs de l'industrie comme un engagement ferme de Pfizer envers son siège social de Montréal.

«Nous sommes heureux de voir qu'une telle grande entreprise pharmaceutique veut s'ancrer davantage à Montréal et continuer à faire des affaires au Québec dans un contexte de restructuration mondiale de l'industrie», a affirmé Michelle Savoie, directrice générale de Montréal InVivo, la grappe des sciences de la vie de la région de Montréal.

Une «consécration»

Paul Lévesque, président de Pfizer Canada, parle d'une «consécration». «Ça fait trois fois en dix ans que le siège social de Montréal est menacé par des fusions de Pfizer avec des entreprises dont le siège canadien est établi en Ontario. Et chaque fois, on a réussi à conserver le siège social à Montréal», rappelle-t-il.

Au moment de la fusion de Pfizer avec Wyeth l'an dernier, Pfizer Canada est parvenue à conserver à la fois le siège social à Kirkland et l'usine de production de Wyeth de l'arrondissement de Saint-Laurent, dans un contexte où les deux entreprises mettaient la clé sous la porte de plusieurs établissements.

Dans l'industrie, certains laissent entendre que les dirigeants canadiens de Pfizer ont peut-être mieux vendu le Québec auprès de leur société mère que leurs collègues de Merck, qui ont perdu leur centre de recherche de Kirkland lors de la récente acquisition de Schering-Plough.

La Chambre de commerce du grand Montréal, le ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation, Clément Gignac, et le ministre d'État de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec, Denis Lebel, font partie de ceux qui ont salué publiquement hier l'investissement de Pfizer.

Le grand patron de Pfizer Canada, Paul Lévesque, affirme en tout cas avoir encore des munitions lorsqu'il s'agit de défendre le Québec auprès de la société mère de Pfizer à New York.

«Le gouvernement du Québec, contrairement à d'autres juridictions, a dit: nous sommes pour l'innovation, nous sommes pour les sciences de la vie. Et il a mis certaines politiques favorables qui font en sorte que ce n'est pas seulement un but affiché, mais qu'il y a de véritables stratégies derrière. Est-ce que c'est parfait? Loin sans faut. Mais le Québec est encore un modèle.»

Et à quel moment parlera-t-on de créer des emplois à Montréal plutôt que d'en protéger?

«Dans les processus de rationalisation, les établissements qui gagnent ont parfois la chance de reprendre un peu ce qui a été perdu par les autres, répond M. Lévesque. On travaille là-dessus et on aura peut-être d'autres annonces.»