«You're fired! - Vous êtes renvoyée!» Stéphanie Castagnier, première candidate québécoise de l'émission américaine The Apprentice, s'est-elle fait servir la célèbre phrase de Donald Trump? La volubile et expressive blonde reste muette.

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À mi-parcours, elle est encore sauve. Mais voilà, la téléréalité diffusée le jeudi à NBC (et Global au Canada) depuis le 16 septembre, a été tournée en juin dernier à New York. Et Stéphanie Castagnier n'ose imaginer ce qu'il adviendra d'elle si elle dévoile ne serait-ce qu'une petite intrigue avant la grande finale. «Je suis la propriété de NBC pendant un an, explique-t-elle. J'ai signé ma vie dans le contrat du réseau.»

En ce qui a trait à la frénétique course qui l'a menée à côtoyer Donald Trump au printemps dernier, l'ambitieuse femme d'affaires (banquier commercial, courtier) de 34 ans entre, sans gêne, dans le menu détail.

C'est la récession de 2008 qui l'a motivée à attendre toute une nuit devant la Trump Tower, sur la 5e Avenue à New York, dans l'espoir d'être recrutée pour la dixième mouture de The Apprentice. Et ce, parmi 25 000 autres intéressés. «Je travaillais presque exclusivement à commission, raconte Stéphanie Castagnier. Mon salaire a alors planté de 25% à 50%. Mais tout arrive pour une raison...»

Une invective lancée à un participant qui accusait toutes les banques d'être les responsables de la débâcle financière américaine lors d'une des auditions en groupe n'a pas laissé le patron Donald Trump indifférent. En entendant ce dernier lancer: «Qui est cette fille?», Stéphanie Castagnier s'est dit que c'était dans la poche! Elle venait d'impressionner le milliardaire qu'elle a toujours voulu rencontrer.

Enfance difficile

Celle qui vit à Chicago depuis 12 ans travaille comme 10 depuis l'adolescence. Depuis le jour où sa mère a succombé au sida... maladie transmise par son mari producteur, vendeur et consommateur de drogues. «Je n'ai pas dérapé, confie Stéphanie Castagnier, née à Ville Saint-Pierre (aujourd'hui Lachine). Mais j'ai vraiment vécu une enfance difficile. Mon père, Richard Castagnier, était un gros vendeur de drogues. Il avait 200 employés, des maisons à New York et Miami, une plantation. Il était aussi très jaloux et possessif. Il harcelait psychologiquement ma mère. Je me disais qu'un jour, on s'en sortirait, qu'on serait indépendantes.»

Quand son père est mort à son tour, Stéphanie Castagnier a fait un pacte. Foncer la tête haute pour ne pas la perdre. «Je n'avais pas un cent, dit-elle. Qu'un chandail et une paire de jeans. Je me suis dit: je me jette en bas d'un pont ou je change de vie. J'étais bonne à l'école. J'ai donc décidé qu'il fallait repartir à neuf dans un autre pays. Je n'ai dès lors fait qu'étudier tout en travaillant 40 heures par semaine dans un resto St-Hubert et un Quality Hotel. Je ne sortais pas. Je n'aspirais qu'à être une femme d'affaires. Pas question d'être médecin, car j'avais passé assez de temps dans les hôpitaux. Ni avocate. J'en avais croisé suffisamment à cause de mon père!»

C'est avec un bac en affaires internationales et marketing de l'Université McGill en poche qu'elle s'est rapidement retrouvée à Toronto puis Chicago dans l'espoir de travailler en finances... et devenir millionnaire avant 30 ans. Arrivée à son but? «Je crois, oui, dit-elle. Maintenant, je peux financer tous mes autres projets (production d'émissions, organisme pour venir en aide aux adolescents en difficulté, conférences pour aider les femmes à devenir indépendantes financièrement, achat d'immeubles et terrains).»

À la tête de sa propre entreprise depuis cinq ans (Hudson Financial Group), Stéphanie Castagnier se sent invincible. Son passage à The Apprentice n'a fait que multiplier les occasions d'affaires. «J'ai pu toucher à plein de choses. J'ai développé des liens d'affaires, énumère-t-elle. Je peux maintenant appeler Ivanka Trump sur son cellulaire.»

Mais pour ça, il y a eu un petit prix à payer. Celui d'avoir hérité du surnom Head Bitch in Charge à l'émission à cause de son tempérament fougueux et de son assurance! «C'est stressant de participer à The Apprentice, avoue celle qui est aussi devenue entre-temps porte-parole de Trump Network. Les téléspectateurs ne se rendent pas compte à quel point on a peu de temps pour réaliser les défis imposés. Quelques heures seulement dans une ville où ça prend deux heures pour aller se chercher un sandwich! Je suis devenue bitchie, parce qu'on n'a pas le temps de niaiser. Les candidats ne veulent que te poignarder dans le dos.»