Rogers réussira-t-il avec Cogeco là où il a échoué sa tentative d'acquisition de Vidéotron il y a 10 ans?

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La chose ne se produira certainement pas demain matin. Mais le groupe ontarien a encore une fois manifesté son vif intérêt envers Cogeco en achetant près de 2 millions de nouvelles actions jeudi dernier, après la fermeture des marchés. La transaction porte à 39,9% la participation de Rogers dans le câblodistributeur québécois.

«Ils accumulent les actions depuis longtemps, et cela n'est pas un secret que Rogers considère Cogeco comme une cible attrayante», a souligné à La Presse Affaires Troy Crandall, analyste spécialisé en télécoms chez MacDougall, MacDougall & MacTier.

En dépit de l'importance de cette transaction, qui totalise 74,9 millions de dollars, l'impact à court terme est minime pour les actionnaires de Rogers, a indiqué M. Crandall. Cela ajoute environ 12 cents à la valeur du titre de Rogers, selon ses calculs.

L'analyste maintient un prix cible de 38$ d'ici un an, comparativement à la fermeture de 36,33$ hier, en baisse de 0,5%.

L'incidence pour les investisseurs est d'autant plus faible que l'actionnaire de contrôle de Cogeco, la famille Audet, refuse avec fermeté de vendre l'entreprise.

Interrogé à Trois-Rivières par Le Nouvelliste, le grand patron, Louis Audet, a répété que le groupe demeurerait sous son contrôle. «Rogers aimerait beaucoup l'acquérir, mais la famille Audet exploite l'entreprise à titre indépendant», a-t-il dit vendredi dernier. (Cogeco a refusé de commenter davantage hier.)

L'accroissement de la participation de Rogers ne change pas grand-chose non plus pour les actionnaires de Cogeco inc., a fait valoir un analyste torontois qui a demandé à garder l'anonymat. Il maintient un prix cible de 40$ l'action d'ici un an, comparativement à la fermeture de 34$ hier, en hausse de 1,3%.

L'analyste note tout de même les importantes «synergies» qui pourraient être réalisées par un rachat de Cogeco. Une telle transaction permettrait à Rogers d'accroître sa présence en Ontario - où Cogeco a aussi des clients - en plus de lui donner une solide assise au Québec.

Une hypothétique acquisition représenterait aussi une douce revanche pour Rogers, qui a failli mettre la main sur le câblodistributeur québécois Vidéotron en 2000, rappelle Troy Crandall. L'ontarienne a finalement été doublée à la dernière minute par la Caisse de dépôt et Quebecor.

Pour l'heure, l'achat de ce nouveau bloc d'actions rendra plus difficile une tentative de rachat de Cogeco par un groupe concurrent à Rogers, croit l'analyste. Il cite des acquéreurs potentiels comme Shaw ou BCE.

Rogers possède désormais 32,5% des actions subordonnées avec droit de vote de Cogeco Câble inc., et 39,9% de celles de la maison mère Cogeco inc. Le groupe a acheté les titres auprès d'un «petit groupe de gros actionnaires» qui n'a pas été identifié.

Dans un communiqué, Rogers a affirmé avoir réalisé cette transaction «à des fins d'investissement», sans intention d'acquérir ou de prendre le contrôle de Cogeco.