Si les économies canadienne et américaine étaient deux bolides, aucun d'entre eux ne risquerait d'activer les radars photo. Les deux pays ont dévoilé hier des données positives sur l'évolution de leur PIB respectif, mais qui montrent qu'ils sont encore loin de la cinquième vitesse.

En août, le PIB canadien a grimpé de 0,3 %, contrecarrant la baisse de 0,1 % enregistrée le mois précédent et rejoignant le niveau d'avant la récession (juillet 2008).

«Mais ce n'est d'aucune façon le signe d'un renversement dans l'activité économique», avertissent Krishen Rangasamy et Emanuella Enenajor, de CIBC. Si le commerce, l'immobilier et la construction ont bien fait en août, ces secteurs ne répéteront pas les mêmes exploits dans les prochains mois, estiment les deux économistes.

CIBC n'est pas seule à jouer les rabat-joie. Les économistes s'attendent en effet à une croissance de seulement 1,5 % (en rythme annualisé) pour l'ensemble du troisième trimestre. «Au bout du compte, affirme l'économiste Douglas Porter, de BMO Marché des capitaux, l'économie canadienne ne peut rien contre la puissante attraction d'une activité américaine léthargique. Fin de l'histoire.»

Diana Petramala, de la Banque TD, anticipe des gains trimestriels de 1,5 à 2 % pour l'ensemble la prochaine année. «À ce rythme, la reprise économique canadienne sera la plus lente de l'histoire», observe-t-elle.

«Devant ce ralentissement manifeste de la croissance économique au pays, le statu quo des taux d'intérêt directeurs récemment décrété par les autorités monétaires paraît pleinement justifié», note quant à lui Benoit Durocher, économiste principal chez Desjardins. Au moins, souligne-t-il, l'essentiel du la croissance du PIB en août provient des entreprises privées, ce qui place l'économie en bonne posture pour surmonter la baisse de l'aide de l'État.

Il en faut plus aux États-Unis

Aux États-Unis, le PIB réel a crû de 2%, en rythme annualisé, selon des données préliminaires. Pour la première fois depuis le printemps 2008, la construction non résidentielle a progressé (3,9%). Mais l'investissement résidentiel, affecté par la fin des crédits d'impôts à la propriété, a perdu près de 30%.

Pour Peter Buchanan, de CIBC, il faudra une croissance clairement plus forte pour réduire le très haut taux de chômage américain. Et avec l'endettement élevé des ménages et les inventaires regarnis, il anticipe un ralentissement de la croissance dans les prochains trimestres.

Desjardins n'est pas plus rassurant. «Les récents gains sont trop faibles pour générer beaucoup d'emplois ou pour complètement écarter les risques d'un nouveau ressac», estime Francis Généreux, économiste principal. Les données sont trop faibles aussi pour raviver la confiance des agents économiques, ajoute M. Généreux.

Sal Guatieri, de BMO, est plus optimiste et soutient que les progrès du troisième trimestre réduisent les risques d'une récession en W. Avec un peu d'aide de la Fed, avance-t-il, la croissance pourrait s'accélérer en 2011.

L'activité économique aux États-Unis demeure en retard de 0,7 % par rapport au niveau d'avant la crise.