L'inscription prochaine en Bourse de l'autoroute à péage 407 de Toronto sera l'aboutissement d'un renflouement financier de près de 900 millions de dollars pour le groupe espagnol Ferrovial, principal associé de SNC-Lavalin dans cet actif.

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Mais les maux de ce géant des infrastructures de transports ne sont pas terminés pour autant.

Pour réduire encore sa dette, Ferrovial veut aussi revendre au moins 10% de son principal actif: la société aéroportuaire britannique BAA, qui comprend l'aéroport Heathrow à Londres et dont le deuxième plus important actionnaire est la Caisse de dépôt et placement du Québec, à hauteur de 21%.

Ce placement découle d'un investissement initial de 2,3 milliards effectué il y a quatre ans, et qui a suscité depuis maintes questions et critiques envers la Caisse

Est-ce que la revente d'actions de BAA par Ferrovial, peut-être à prix d'escompte, pourrait amener la Caisse à reconsidérer son placement?

Aussi, les principaux associés de Ferrovial chez BAA auraient-ils intérêt à rajouter un quatrième investisseur au capital de la société aéroportuaire? D'autant que BAA demeure en cycle d'investissement considérable de modernisation et d'ajout de capacité à l'aéroport Heathrow de Londres, l'un des plus achalandés au monde.

Parmi les analystes qui surveillent Ferrovial, on estime que la revente d'un lot de 10% des actions de BAA pourrait lui valoir quelque 400 millions d'euros, l'équivalent de 570 millions CAN.

Les investisseurs boursiers en Europe ont bien accueilli cet autre projet de revente d'actifs par Ferrovial, poussant ses actions à la hausse.

D'autant que, selon les plus récents résultats de Ferrovial, en mi-exercice 2010, une part importante de sa perte semestrielle de 164 millions d'euros découlait du déficit de 279 millions d'euros de BAA, pour la même période.

À la Caisse de dépôt et placement, on refuse tout commentaire autre que de confirmer la participation de 21% chez BAA, après une revente partielle de titres en 2007.

Même discrétion chez l'autre actionnaire à 17% de BAA, le fonds souverain GIC Special Investment du gouvernement de Singapour.

Pour la Caisse de dépôt, tout investissement additionnel dans BAA pourrait être difficile à justifier.

Dès son annonce en juillet 2006, ce placement initial de 2,3 milliards CAN - réduit à 1,9 milliard par la suite - a suscité la controverse.

D'une part, certains s'étaient étonnés de la taille de cet investissement à l'étranger pour le «bas de laine» collectif des Québécois. D'autant qu'il s'inscrivait dans un rachat adossé de BAA de 10 milliards d'euros mené par Ferrovial et que des analystes considéraient chèrement payé.

D'autre part, à peine deux ans après ce rachat par endettement de BAA, la pire crise financière et bancaire en trois quarts de siècle déferlait sur l'économie mondiale.

Cette crise a frappé avec une vigueur particulière à Londres, sabrant le trafic et les revenus de BAA alors qu'elle faisait face à des investissements majeurs de rénovation à Heathrow, ainsi que des frais accrus de financement de sa dette de rachat par Ferrovial.

Deux ans plus tard, les résultats financiers de BAA indiquent que le trafic de passagers et le niveau de revenus à l'aéroport Heathrow peinent encore à retrouver leur niveau de l'avant-crise financière.