L'agence d'évaluation financière Moody's a révisé à la baisse jeudi son appréciation du secteur de la presse américaine, six mois après un regain d'optimisme, notant que «la récente modération de la chute des recettes publicitaires s'est dissipée».

Alors que l'agence avait relevé la perspective de «négative» à «stable», en avril, elle l'a rabaissée à «négative» jeudi.

Comme explication, Moody's prévoit que les recettes publicitaires du secteur accuseront un recul sur un an de 5% à 6% en 2010, certes moins prononcé qu'en 2009 (22%), mais avec une tendance de fond négative.

«L'érosion du lectorat des journaux et de leur capacité à fixer le prix (des encarts) se poursuit sans frein, tandis que les lecteurs se mettent aux contenus gratuits ou bon marché sur internet et sur les appareils portables», a déclaré un vice-président de Moody's, John Puchalla, cité dans un communiqué.

Ces derniers temps des hausses de prix marquées des abonnements aux journaux ont augmenté les recettes, mais c'est une amélioration de court terme qui pourrait être compensée par des promotions destinées à enrayer la chute de la diffusion, selon Moody's.

Du coup M. Puchalla juge «inévitable» de nouvelles réductions des effectifs de journalistes, même si les journaux, soucieux de ne pas dégrader la qualité de leurs informations, essaient de les éviter.

En conclusion, Moody's a indiqué qu'il faudrait une reprise économique plus vigoureuse pour atténuer son pessimisme, ou à tout le moins le développement de recettes numériques (par la publicité ou des coûts de consultation) qui évitent de cannibaliser les recettes des éditions papier.

Le mois dernier le groupe de presse du New York Times tablait sur un nouveau recul de son chiffre d'affaires durant le troisième trimestre, la publicité sur internet ne parvenant pas à prendre le relais des publicités papier. Facteur aggravant, les recettes de diffusion étaient également attendues en baisse de 5% durant la période juillet-septembre.