Le déficit commercial américain est reparti en forte hausse en août, sous l'effet conjugué d'une hausse des importations de produits chinois et de pétrole aux États-Unis, pesant encore fortement sur la croissance économique déjà lente du pays.

Le solde négatif de la balance commerciale s'est creusé de 8,8% par rapport à juillet, pour atteindre 46,3 milliards de dollars en août en données corrigées des variations saisonnières, a indiqué jeudi le département du Commerce.

Malgré la progression des exportations (+0,2%), qui ont atteint leur plus haut niveau depuis août 2008, le déficit s'est creusé sous l'effet d'une hausse encore plus forte des importations (+2,1%).

Le solde chroniquement négatif de la balance des produits pétroliers s'est encore détérioré, et le déficit commercial des États-Unis avec la Chine a atteint un nouveau record, à 28,0 milliards de dollars, en données brutes.

Réunis samedi à Washington par le Fonds monétaire international, les pays de la planète ont eu du mal à s'entendre sur les moyens d'éviter la «guerre des monnaies» redoutée par certains.

Pour Christos Shiamptanis, économiste de TD Financial, les chiffres du commerce extérieur devraient «ajouter à la pression politique sur la Chine pour qu'elle laisse le yuan se renforcer» sur le marché des changes.

Le Congrès américain prépare actuellement une loi visant à sanctionner la Chine dans le cas où il serait officiellement reconnu que celle-ci manipule sa monnaie pour doper ses exportations en maintenant le yuan sous-évalué.

Le gouvernement est plus prudent. Le secrétaire au Trésor, Timothy Geithner, a redit mardi avoir confiance dans le fait que les Chinois allaient laisser le yuan se réévaluer progressivement.

Son ministère doit remettre au Congrès vendredi son rapport semestriel sur les taux de changes, dans lequel il détermine si les partenaires des États-Unis manipulent ou non leur monnaie.

La publication de ce document à l'heure dite était encore incertaine jeudi, le Trésor pouvant décider de la reporter comme il l'avait fait en avril pour ne pas froisser Pékin, très susceptible sur cette question.

Après une poussée soudaine en juin, où il avait atteint son plus haut niveau depuis octobre 2008, le déficit commercial américain était retombé nettement en juillet.

Son augmentation d'août confirme la tendance de la balance commerciale à se dégrader: le déficit cumulé sur les huit premiers mois de l'année a crû de 43% sur un an.

La progression du solde négatif des échanges augure mal des premiers chiffres officiels du PIB du troisième trimestre devant être publiés fin octobre.

Le déséquilibre du commerce extérieur américain a fait perdre 3,5 points de croissance aux États-Unis au deuxième trimestre, ce qui ne s'était jamais vu depuis 1947.

Les analystes estimaient jusque-là que le poids de ce déséquilibre avait été moindre pendant l'été, mais ils ont commencé à réviser à la baisse leur estimation de la croissance du troisième trimestre après les chiffres de jeudi.

Zach Pandl, de la maison de courtage japonaise Nomura Securities, a ainsi indiqué avoir revu en baisse de 0,7 point son estimation de hausse du PIB de l'été, à 1,5%, ce qui marquerait une poursuite du ralentissement économique, après la croissance poussive de 1,7% relevée au printemps.

Mais selon Inna Mufteeva, analyste de la banque française Natixis, le déficit commercial devrait néanmoins reculer à court terme, sous l'effet d'une baisse de la demande des ménages américains et d'une hausse des exportations portées par une demande toujours vigoureuse dans les pays émergents.