Le prix Nobel d'économie Maurice Allais, seul Français à avoir obtenu cette distinction, est mort samedi à l'âge de 99 ans, a annoncé dimanche soir à l'AFP le ministère français de la Recherche.

Né le 31 mai 1911 à Paris, ce fils de commerçants, orphelin très tôt de père, s'était vu décerner le prix Nobel d'économie en 1988.

Ce prix récompensait «ses travaux de pionnier sur la théorie des marchés et l'utilisation efficace des ressources», selon la Banque de Suède.

Maurice Allais, major de Polytechnique (1933), ingénieur du corps des mines, et ingénieur-docteur de l'université de Paris, avait été professeur d'analyse économique à l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris se 1944 à 1988.

Il avait été également professeur d'économie théorique à l'Institut de statistique de l'université de Paris (1947-68), et à l'Institut des hautes études internationales de Genève (1967-1970). A partir de 1970, il a dirigé le centre Clément-Juglar d'analyse monétaire de l'université de Paris-X.

Maurice Allais était parallèlement directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) à partir de 1954.

Ses travaux ont essentiellement porté sur le développement de l'économie mathématique, notamment dans le domaine de la théorie de l'équilibre général, de la théorie du capital, de la théorie des choix, et de la théorie monétaire.

Pionnier des analyses monétaires macrodynamiques, l'économiste, qui dénonçait les excès du libéralisme, notamment l'endettement, a fait autorité pour ses études théoriques du risque, illustrées par son célèbre paradoxe : «moins le risque est grand, plus les spéculateurs fuient».

Retraité en 1980, le professeur Allais est devenu membre de la société internationale d'économétrie, de l'Institut international de statistique, membre associé de l'US National Academy of Sciences (1989), Membre d'honneur de l'American Economic Association, membre de l'Académie des sciences morales et politiques (1990).

Il a été l'auteur de nombreuses études d'économie théorique et appliquée et d'une quarantaine de livres, notamment : Traité d'économie pure (1994), une réédition de A la recherche d'une discipline économique (1943), Economie et intérêt (1999) dont une partie avait été publiée en 1946, L'Impôt sur le capital et la réforme monétaire (1977 et 1988), La Théorie générale des surplus (1978 et 1989).

Il a également publié plusieurs livres sur la mondialisation et l'Europe, comme Erreurs et impasses de la construction européenne (1992), ou Nouveaux combats pour l'Europe : 1995-2002 publié en 2003.

Maurice Allais se définissait lui-même comme un «libéral socialiste», selon le journal le Figaro.

«Beaucoup de lecteurs le considèrent comme un champion du protectionnisme», ce qui est un «jugement profondément inexact», soulignait il y a quelques années l'enseignant et chercheur Thierry de Montbrial, cité par le même quotidien.