Depuis quelques semaines, le huard poursuit son lent retour vers la parité avec le billet vert, au beau milieu d'une guerre de taux de change.

Hier, il a terminé la journée en hausse de 59 centièmes à hauteur de 98,94 cents américains, même si se multiplient les signes du ralentissement de notre économie.

«Le huard n'est pas très fort, si on compare à 2007. Il pourrait même être plus fort si le Canada n'avait pas pour voisin les États-Unis», explique François Barrière, vice-président, développement des affaires, marchés internationaux à la Banque Laurentienne.

À ses yeux, il existe un mouvement de pendule chez les spéculateurs qui jouent l'euro contre le billet vert quelque temps, puis l'inverse. «D'où viennent les mauvaises nouvelles ces jours-ci? Des États-Unis. Dans trois mois, ce devrait être l'Europe», prédit-il.

Il voit la parité à court terme, puis une descente vers les 90 cents US cet hiver ou au printemps avant une remontée à la parité, fin 2011.

«Le Canada est le moins mauvais élève dans une classe de cancres», ironise Frédéric Mayrand, premier vice-président, taux d'intérêt et changes, chez BNP Paribas Canada.

Il souligne cependant que le huard s'apprécie seulement face au billet vert. Il recule face à l'euro, la livre turque, le dollar australien, le rand sud-africain ou la couronne suédoise, autant de devises stimulées par des taux directeurs plus élevés que celui de la Banque du Canada, fixé à 1% le mois dernier.

Depuis le printemps, ajoute-t-il, la volatilité sur le marché des changes a diminué. Tout le monde vend le dollar américain dans le cadre d'opérations spéculatives sur écarts de rendement (carry trade). On emprunte en dollars américains à 0,25% et on investit dans des devises qui rapportent 4% ou 5%.

Il prédit que le huard commence à peine à se rattraper face à l'euro, puisque la banque centrale a augmenté son taux directeur de 75 centièmes depuis le 1er juin. Les parieurs croient cependant en majorité que ce taux ne bougera plus cette année.

La poussée du huard n'aura par conséquent pas beaucoup de tonus, sauf si l'euro faiblit à son tour, comme le prédit M. Barrière.Sur le marché des changes, les transactions sur le huard représentent 3% d'un marché quotidien de 3000 milliards, selon la Banque des règlements internationaux.