Onde de choc dans le milieu québécois du jeu vidéo: des mises à pied, un concept quelque peu oublié au cours des dernières années dans cette industrie florissante. Le troisième studio en importance au Québec, Artificial Mind and Movement (A2M), vient de remercier temporairement 40 employés.

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«Ce sont des mises à pied temporaires. J'espère moins de six mois», dit Rémi Racine, président d'A2M, qui compte toujours 360 employés à Montréal et 40 dans son studio de Santiago au Chili.

A2M, l'un des plus importants studios indépendants au pays, avait trop d'employés qui n'étaient pas spécifiquement affectés à un projet de jeu depuis un an. Devant cette situation, l'entreprise a commencé à songer à faire des mises à pied il y a trois mois. A2M ne manque pas de projets, mais son carnet de commandes comporte des projets de plus petite envergure pour l'instant. «Les projets sont plus petits, donc il faut plus de projets pour occuper le même nombre d'employés», dit Rémi Racine.

Les mises à pied, annoncées mercredi aux employés et révélées hier matin par Argent, ont créé une onde de choc au sein de l'industrie. Parmi les entreprises toujours présentes au Québec, la dernière vague de mises à pied de cette envergure remonte à 2002, alors que Gameloft avait remercié une cinquantaine d'employés de son studio montréalais. La fermeture de DC Studios en 2006 avait aussi engendré la perte de 50 emplois. «Au Québec, il y a eu des mises à pied, mais les mauvaises nouvelles, c'était surtout des studios qui fermaient, dit Rémi Racine. Nous étions 50 studios indépendants à l'arrivée d'Ubisoft en 1997 et nous ne sommes plus que deux.»

L'industrie québécoise du jeu vidéo n'a pas beaucoup souffert de la dernière récession. Selon les estimations de l'industrie, le Québec n'aurait pas perdu d'emplois en jeu vidéo depuis deux ans. Depuis un an, trois nouveaux studios se sont installés dans la métropole. Ensemble, Funcom, Warner Brothers et THQ créeront 860 emplois d'ici cinq ans.

L'Alliance numérique, association regroupant 56 des 105 entreprises de jeux vidéo au Québec, n'a pas rappelé La Presse Affaires.

Fondé en 1992, A2M est l'un des studios indépendants les plus importants au Canada. Avec 360 employés, c'est le troisième studio en importance au Québec, derrière Ubisoft (2100 employés) et Electronic Arts (800 employés).

A2M, qui lance aujourd'hui la version iPhone de Naughty Bear, un jeu conçu à Montréal pour le compte de l'éditeur 505 Games, comptera bientôt sur de nouveaux contrats. «Nous avons une entente de principe pour développer un nouveau jeu et nous avons d'autres dossiers en attente dans le pipeline», dit Rémi Racine, président et actionnaire majoritaire de A2M. Fondaction et Desjardins Capital sont actionnaires minoritaires d'A2M.

Contrairement à A2M, Ubisoft n'a pas annoncé de mises à pied à Montréal, mais l'entreprise a sabordé sa filiale d'art numérique cinéma et jeux vidéo (Ubisoft Digital Arts) le mois dernier. La filiale a été intégrée aux équipes régulières de jeux vidéo. Moins d'une dizaine de personnes parmi l'équipe de 70 employés d'Ubisoft Digital Arts ont quitté l'entreprise à la suite de cette réorganisation. «Nous cherchons à rapprocher les effets spéciaux au cinéma de nos productions de jeux vidéo afin de faire de meilleurs jeux», dit Cédric Orvoine, directeur des communications d'Ubisoft Montréal.

La réorganisation ne touche pas les employés d'Hybride, entreprise d'Ubisoft qui se spécialise dans les effets spéciaux au cinéma.