Le Bureau de la concurrence et l'Office de la protection du consommateur s'intéressent aux produits amaigrissants. Mais leurs ressources sont maigres.

La ceinture Velform Sauna Belt était censée faire fondre la graisse et la cellulite autour de la taille sans effort. C'est du moins ce que clamait sa publicité télévisée.

À la suite de l'intervention du Bureau de la concurrence, en 2008, la société qui distribuait ce produit, Northern Response International Ltd., a dû verser 400 000$ et rembourser intégralement les acheteurs.

«Les affirmations n'étaient pas fondées sur des épreuves suffisantes et appropriées, comme l'exige la Loi», indiquait le communiqué publié à l'époque.

De façon générale, la publicité relève de la Loi fédérale sur la concurrence, qui interdit de donner au public «une indication qui est fausse ou trompeuse sur un point important». Plus précisément, une entreprise ne peut donner d'indications de rendement qu'elle n'est pas en mesure d'étayer. Une perte de poids de 75 livres en trois mois est une indication de rendement.

«Avant de faire sa représentation, la compagnie a l'obligation de déterminer avec des tests justes et corrects que les représentations qui sont faites sont absolument vraies, explique Greg Scott, porte-parole du Bureau de la concurrence. S'il y a des questions, elle a l'obligation de nous présenter ces détails.»

Mais quand ces questions sont-elles posées aux entreprises?

Depuis 2004, le Bureau de la concurrence surveille les publicités trompeuses de produits amaigrissants sur l'internet. Des centaines de sites ont été repérés, et 80% des entreprises qui ont reçu des avis ont accepté de se conformer aux demandes du Bureau.

Cependant, la surveillance des publicités imprimées ou télévisées semble davantage tributaire des plaintes des consommateurs. «Nous analysons les détails qui sont présentés et les faits pertinents et nous pouvons arriver à une décision s'il y a une représentation fausse ou trompeuse», se limite à décrire Greg Scott.

L'Office de la protection du consommateur a aussi son mot à dire en matière de publicité trompeuse. «Aucun commerçant, fabricant ou publicitaire ne peut faussement, par quelque moyen que ce soit, ... attribuer à un bien ou à un service une certaine caractéristique de rendement», stipule l'article 221 de la Loi sur la protection du consommateur.

L'univers des produits amaigrissant préoccupe l'OPC, indique son porte-parole, Jean-Jacques Préaux. Mais ses ressources et ses dents sont encore plus courtes que celles du Bureau de la concurrence. «Au moment où on se parle, on examine la problématique et la nature des récriminations qui pourraient être faites et on verra ce qu'on fera éventuellement dans ce dossier spécifique, à savoir s'il y a effectivement des affirmations qui sont fausses ou trompeuses», décrit M. Préaux. Dossier à suivre, dit-il.

Il n'y a pour l'instant aucune plainte à propos de Healthy Solutions dans le registre des commerçants consultable sur le site de l'OPC. La dernière a été retirée en janvier 2010: les plaintes sont conservées deux ans dans ce registre accessible au public.

«Ce qui est dommage, déplore François Décary-Gilardeau, c'est que l'action du gouvernement va être responsable quand il y a des risques pour la santé, mais c'est comme si le risque que le consommateur se fasse berner était moins urgent.»

Pourtant, rappelle-t-il, «on s'attaque à des gens vulnérables. La question de l'image corporelle a toujours fait vendre beaucoup de produits».

Conclusion? Si vous voyez une publicité qui vous semble fallacieuse, portez plainte à Santé Canada, au Bureau de la concurrence, à l'OPC. Plaignez-vous, plaignez-vous, il en restera peut-être quelque chose.