La production des usines américaines, moteur principal de la reprise économique aux États-Unis, s'essoufle alors que la croissance tourne déjà au ralenti dans le pays.

La production industrielle a nettement ralenti en août en ne progressant que de 0,2% par rapport au mois précédent, selon des chiffres publiés mercredi par la banque centrale américaine (Fed).

Le mois précédent, la production avait augmenté de 0,6%, selon la nouvelle estimation de la Fed, revue en forte baisse (de 0,4 point).

Ces «chiffres montrent un ralentissement marqué du rythme de la production», note David Resler, analyste de la maison de courtage japonaise Nomura Securities.

En moyenne sur trois mois, ajoute-t-il, la hausse de la production industrielle est tombée à 0,3%, soit son rythme le plus lent depuis juillet 2009, c'est-à-dire depuis le début de la reprise économique.

Si l'on exclut la production d'énergie (très variable d'un mois sur l'autre), le ralentissement de la production industrielle est provoqué par celui du secteur manufacturier.

En effet, la hausse de la production de biens est tombée à 0,2% en août (contre 0,7% en juillet), sous l'effet d'un recul de 5,0% du secteur automobile, après un bond de 9,5% en juillet.

Le secteur n'a pas encore retrouvé son niveau d'avant la récession: sa production est à 90% de ce qu'elle était en 2007, et le taux d'utilisation des capacités de production de biens du pays reste très inférieur à sa moyenne de long terme.

«Le secteur continue de croître, mais le meilleur de la hausse pourrait être derrière nous», estime Joel Naroff, économiste de Naroff Economics Advisors.

«Les manufactures ont été l'un des principaux créateurs d'emplois au début de la reprise, créant des postes dans des proportions bien plus grandes que leur poids relatif dans l'économie», rappelle Martin Schwerdtfeger, analyste de TD Economics.

L'industrie manufacturière ne représentait en effet que 11% du PIB américain en 2009, mais il a tiré la reprise sous l'effet de la demande américaine et étrangère, notamment asiatique.

Un autre indicateur publié mercredi semble prouver que son ralentissement devrait se poursuivre. Il s'agit de l'indice Empire State, indicateur avancé de l'activité manufacturière dans la région de New York. Celui-ci est tombé à 4,1 en septembre, son plus bas niveau depuis son retour en terrain positif en août 2009.

Selon la Fed de New York, qui le publie, il ne témoigne plus que d'une activité «relativement stable», et le moral des industriels de la région continue de baisser: l'indice mesurant leurs perspectives à six mois est tombé à «son plus bas niveau depuis début 2009».

Pour M. Schwerdtfeger, le ralentissement du secteur manufacturier signifie que celui-ci «ne va plus créer autant d'emplois, ce qui va accentuer la pression sur le reste de l'économie pour faire baisser le niveau insupportable du chômage» (9,6% fin août).

Le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a redit mercredi sur la chaîne MSNBC que le pari était loin d'être gagné: «Notre croissance économique n'est pas assez rapide actuellement pour remettre au travail les gens aussi vite que nous le voudrions», a-t-il concédé.