Pour remplacer le Campus Ubisoft, l'industrie québécoise du jeu vidéo veut créer un nouveau centre de formation qui se concentrera sur la formation de pointe. Les entreprises de jeux vidéo demandent au gouvernement du Québec de payer le coût de ce nouveau centre, évalué à près de 1 million de dollars par année, a appris La Presse Affaires.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

Au terme de plusieurs mois de consultation, l'industrie a accouché d'un rapport final qui sera présenté officiellement au gouvernement Charest le 24 septembre prochain. Le rapport, que La Presse Affaires a obtenue, suggère la création d'un nouveau centre axé sur la formation continue dès cet automne.

Formation continue

Contrairement au Campus Ubisoft qui a fermé ses portes en juin dernier, le Centre numérique de Montréal n'offrirait pas de programme menant à l'obtention d'un diplôme. Cela resterait la chasse gardée des cégeps et des universités. Le Centre numérique de Montréal se concentrerait plutôt sur la formation continue des travailleurs ayant quelques années d'expérience dans l'industrie du jeu vidéo.

«Le défi de l'industrie, c'est de former des experts. Il faut prendre des gens qui ont trois ou quatre ans d'expérience et en faire des experts parmi les meilleurs au monde. Le défi, ce n'est pas de former des diplômés en quantité suffisante, c'est de former les employés plus expérimentés», dit une source près du dossier.

Le Centre numérique de Montréal aurait aussi comme mission de conseiller les établissements d'enseignement sur les besoins de l'industrie, d'offrir des cours dans les écoles secondaires, d'organiser des conférences avec des spécialistes internationaux et de faire des missions de recrutement à l'étranger.

Organisme à but non lucratif, le Centre numérique de Montréal serait un comité additionnel de l'Alliance numérique, une association qui regroupe 56 des 105 entreprises de jeux vidéo au Québec. Le budget annuel de fonctionnement du Centre numérique de Montréal est établi à 982 000$, dont 300 000$ pour la formation continue et 295 000$ pour l'embauche de trois employés à temps plein et une hausse de salaire et des responsabilités du président de l'Alliance numérique.

Selon le scénario proposé, le gouvernement du Québec paierait l'ensemble de la facture. Les studios ne verseraient pas de contribution financière, mais ils s'engageraient à offrir «une contribution en services» et à en faire la promotion. «Plusieurs bailleurs de fonds sont sollicités pour appuyer la création du Centre numérique tels que le ministère du Développement économique, Emploi-Québec, le ministère de l'Éducation», lit-on dans le rapport rédigé par la firme Zins Beauchesne pour le compte de l'Alliance numérique et TECHNOCompétences, une association d'entreprises en technologies de l'information.

Pénurie de main-d'oeuvre

Selon le rapport qui sera remis prochainement au ministre du Développement économique Clément Gignac, l'industrie du jeu vidéo est actuellement en situation de pénurie de main-d'oeuvre de niveaux intermédiaire et avancé.

L'industrie estime avoir besoin de 345 producteurs et concepteurs intermédiaires en 2010, mais il n'y aura que 311 finissants. Idem en 2011, alors qu'il y aura 381 emplois disponibles pour 372 diplômés. La pénurie devrait se résorber en 2012 (383 emplois disponibles pour 414 diplômés).

«La priorité (...) à court terme doit être résolument tournée vers des avenues qui résoudront des pénuries de main-d'oeuvre anticipées au niveau des employés intermédiaires et séniors», lit-on dans le rapport, qui souligne que «l'arrivée de nouveaux acteurs contribue à briser l'équilibre déjà précaire entre l'offre et la demande qui prévalait ces dernières années».

Selon le rapport, 1111 emplois sont disponibles cette année au sein de l'industrie québécoise du jeu vidéo, soit une hausse annuelle de 27% comparativement aux 4146 emplois comptabilisés en 2009. Au Québec, l'industrie du jeu vidéo devrait créer 1111 emplois en 2011 et 1611 emplois en 2012.