Pourquoi s'installer à Toronto quand on est déjà roi des jeux vidéo à Montréal? Ubisoft reluque le petit et le grand écran, deux industries fortement concentrées dans la Ville reine.

«L'industrie du film est assez développée à Toronto. Souvent, on fait les enregistrements des acteurs à Los Angeles ou à Toronto. Maintenant, nous sommes à Toronto», dit Jade Raymond, directrice du studio d'Ubisoft à Toronto.

S'ils n'ont pas encore profité des possibilités de synergies entre les jeux vidéo et le reste de l'industrie du divertissement, les studios indépendants de la Ville reine savent qu'ils sont assis sur une petite mine d'or. «À Toronto, c'est facile de se réunir avec des producteurs de télé, d'aller voir les acteurs sur le plateau, dit Donald Henderson, directeur du studio Bedlam Games. Nous pouvons développer des projets de jeu vidéo et de romans graphiques («graphic novels»). Nous pouvons atteindre des nouveaux sommets d'intégration dans les jeux, mais seulement si vous planifiez dès le début. Nous pouvons faire ça plus facilement à Toronto qu'à distance.»

Dans un autre registre, les Torontois estiment que le caractère cosmopolite de leur ville sera un atout de taille quand ils auront des studios assez prestigieux pour rivaliser avec ceux de Montréal et Vancouver. «C'est plus facile pour les travailleurs étrangers de s'établir à Toronto parce qu'on y parle toutes les langues, dit Sandra Pupatello, ministre du Développement économique de l'Ontario. C'est aussi plus facile de trouver des services de traduction et de design adapté à différentes cultures.»

«Toronto est un endroit parfait pour faire des jeux vidéo. C'est une grande ville cosmopolite, dit Donald Henderson, directeur du studio Bedlam Games. Comme entreprise, nous nous disions aussi qu'on viendrait bientôt nous concurrencer.»

Les Ontariens se font rassurants: leur ascension ne se fera pas au détriment de Montréal ou Vancouver. «Il y aura toujours une saine concurrence, mais le marché des jeux vidéo grandit, dit la ministre Pupatello. Et puis nous ne courtisons que les entreprises internationales. Nous ne voulons pas faire déménager des entreprises québécoises, et j'espère que le Québec choisira de faire de même. Nous avons un accord à l'amiable (gentlemen's agreement).»

«Les jeux vidéo deviennent plus populaires et notre marché grandit, dit Vikas Gupta, PDG de TransGaming. La croissance de l'industrie fera même en sorte qu'il faudra davantage de centres d'excellence des jeux vidéo au Canada.»

«Ce n'est pas une compétition, mais nous serions heureux si Toronto était aussi importante que Montréal dans le jeu vidéo», dit Donald Henderson, de Bedlam Games.

Les Torontois ont le mérite d'être clairs.