Le gouvernement Charest n'est pas inquiet des ambitions de l'Ontario en matière de jeux vidéo.

«Nous avons une bonne collaboration (avec l'Ontario), dit Clément Gignac, le ministre québécois du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation. Nous pouvons être perçus comme des concurrents sur certains dossiers, mais nous sommes des partenaires dans la quatrième région économique en Amérique du Nord. Si les gens peuvent venir s'établir au Canada au lieu de Silicon Valley ou Boston, je trouve ça intéressant.»

Avec un nouveau rival à sa frontière, Québec ne compte ménager aucun effort afin d'attirer d'autres studios dans la province. «Nous allons tout faire pour qu'ils viennent s'installer à Montréal», dit le ministre Gignac.

L'opposition officielle s'étonne de la confiance tranquille du ministre Gignac. «Ce n'est pas l'attitude à avoir. Le ministre du Québec ne doit pas défendre le Canada contre les États-Unis, il doit défendre et protéger Montréal et le Québec par rapport aux autres villes», dit le député péquiste Jean-Martin Aussant, critique de l'opposition officielle en matière de développement économique.

Le gouvernement Charest préfère brandir son bilan. Depuis un an, il a attiré trois nouveaux studios qui créeront 860 emplois à Montréal d'ici 2015. «Nous voyons les efforts de l'Ontario mais la réalité, c'est que nous avons attiré trois joueurs majeurs depuis un an à Montréal», dit le ministre Gignac.

L'Ontario offre un crédit d'impôt de 40% comparativement à 37,5% pour le Québec, mais le ministre Gignac estime qu'il a toujours un avantage sur sa collègue ontarienne Sandra Pupatello dans ses négociations avec les studios. «Funcom nous ont dit qu'ils n'ont même pas regardé Toronto car le talent est à Montréal, dit le ministre Gignac. Le lien entre la culture européenne et américaine se fait davantage à Montréal qu'à Toronto.»

Le dernier venu, Warner Brothers Games, a fait son choix final entre Montréal et Toronto. Pour attirer le studio hollywoodien, le gouvernement québécois a dû verser 7,5 millions en aide directe. «Toronto est un petit peu plus attrayant au niveau des crédits d'impôt, notamment parce que le gouvernement donne de l'argent up front, mais le coût de la vie et les salaires sont plus élevés qu'à Montréal», dit Martin Carrier, directeur du studio de Warner Brothers à Montréal.

Ubisoft compte actuellement 2400 employés au Québec, dont 2100 dans son studio de 250 000 pieds carrés du Mile End. L'entreprise française prévoit créer 600 emplois au Québec d'ici 2013 et 800 emplois en Ontario d'ici 2019. Pourquoi ne pas avoir concentré tous ces nouveaux emplois au Québec? «Il faut poursuivre la croissance des efforts de production d'Ubisoft et Toronto semblait être le meilleur choix parmi toutes les candidatures internationales qu'on a regardées et épluchées. La bonne nouvelle, c'est que ça se passe au Canada. Ça a failli aller ailleurs, mais ce sera au Canada», dit Yannis Mallat, PDG d'Ubisoft dans les deux villes.

Yannis Mallat assure que «le plan d'expansion de Toronto n'aura pas d'impact sur celui de Montréal.»