Le numéro un de la téléphonie mobile Nokia (NOK) a choisi vendredi de nommer à sa tête un PDG venu du monde de l'informatique, le Canadien Stephen Elop, transfuge de Microsoft, pour tenter de contrer ses concurrents plus innovants dans le marché du smartphone.

M. Elop remplace en effet à partir du 21 septembre Olli-Pekka Kallasvuo qui était menacé depuis plusieurs mois pour des résultats insuffisants, notamment dus aux difficultés de Nokia à trouver la parade à l'iPhone d'Apple, l'Android de Google et le Blackberry de RiM sur le marché haut de gamme et lucratif des téléphones dits intelligents.

«Il est temps d'accélérer le renouvellement de la compagnie, d'apporter une nouvelle direction avec des compétences et des forces différentes pour conduire la compagnie au succès», a expliqué le président du conseil d'administration Jorma Olilla, cité dans un communiqué.

Le marché a favorablement réagi à cette annonce et le titre Nokia gagnait 5,0% à 08H50 GMT à la Bourse d'Helsinki, dans un marché en hausse de 1,3%.

M. Elop, né le 31 décembre 1963, assure dans le communiqué sa volonté de «renforcer la position de Nokia en tant que leader incontesté de l'industrie de la communication mobile».

«Je suis persuadé que nous parviendrons ensemble à continuer de fournir des produits innovants répondant aux besoins de la clientèle», ajoute-t-il.

Nokia peine justement à satisfaire le public dans ce domaine et a annoncé en juillet pour son deuxième trimestre une baisse de 40% de son bénéfice net, à 227 millions d'euros. Ce résultat inférieur aux attentes des analystes faisait suite à un avertissement sur résultats le mois précédent.

Le chiffre d'affaires, malgré un niveau déjà faible l'an dernier, a à peine progressé, avec une hausse de 1% à 10,0 milliards d'euros.

«Ce qui a surpris Nokia, c'est la vitesse à laquelle le marché à évolué. Apple est arrivé avec une façon complètement nouvelle d'utiliser les mobiles et le Google Android a suivi de très près», souligne à l'AFP un analyste de la Pohjola Bank, Hannu Rauhala.

Le géant finlandais a eu du retard à l'allumage et, depuis, ne cesse de courir après ses concurrents. Son premier modèle capable de réellement rivaliser ne sera commercialisé que plus tard en septembre, a souligné M. Rauhala.

C'est pourquoi l'arrivée de M. Elop est la preuve que Nokia a pris en compte la mutation du marché de la téléphonie mobile de la simple communication à un outil de services, estime-t-il.

«Nokia cherche désormais un leader plus orienté vers le software», a commenté M. Rauhala, constatant que «le marché des téléphones mobiles avait énormément changé ces dix dernières années. Ce n'est plus simplement un combiné, c'est devenu un outil de services et de systèmes d'exploitations».

Avant de rejoindre Nokia, M. Elop, informaticien de formation, présidait la division «Business» de l'américain Microsoft. Auparavant, il avait occupé des postes de direction dans différentes sociétés informatiques américaines (Juniper Networks, Adobe Systems et Macromedia).

M. Kallasvuo, salué par le conseil d'administration pour ses «trente années passées chez Nokia» quittera ses fonctions de PDG le 20 septembre, mais son départ du conseil d'administration est à effet immédiat, précise Nokia.